Gucci swot
Présentation et problématique
Lorsque Tom Ford devient le designer officiel de la marque Gucci en 1990, celle-ci est une laissée pour compte. Assise dans le box des accusés, qualifiée deréactionnaire, elle n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut: une enseigne de luxe habillant les plus grands. Qu’importe que les mors de ses mocassins et les hanses fer-à-cheval de ses sacs soientreconnaissables entre tous: elle est, désormais, le stigmate d’une époque révolue.
Dans ces conditions, aucun créateur quel qu’il soit ne risquerait, sa carrière et sa renommée, à tenter de sortir Gucci del’ornière dans laquelle elle se trouve. Gianfranco Ferre a ainsi été approché, mais cette collaboration représentait alors un coût bien trop exorbitant pour qu’Investcorp puisse se l’offrir. Memèrisée parl’opinion publique, elle requière l’intervention d’un nouveau regard, plus jeune, plus actuel et surtout plus en phase avec son époque.
En effet, la chute du mur et la fin du bloc soviétique créeun contexte particulier tant économiquement que culturellement. C’est un pan entier du vieux continent qui accède alors à la société de consommation et à la culture de masse. La brèche s’est formée: lerideau de fer est tombé; il suffit de s’y engouffrer: les taboux vont suivre.
C’est alors que Tom Ford rentre en scène. Petit couturier méconnu du public, travaillant pour des marques aussiaubscures qu’inconnues en Europe. Ce « jeuneot », qui plus est, possède un curriculum vitae vierge de tout diplôme en matière de design et de mode. Un comble pour la marque italienne qui sembledéfinitivement perdue aux yeux du reste de la profession.
Néanmoins, à un tel état de décrépitude, qu’a-t-elle à perdre de jouer le tout pour le tout: rien. En outre, ce novice est, semble-t-il, soutenu par ladéjà puissante Carine Roitfield. Moins influente que son homologue américaine, elle tâche toutefois de déceler les nouveaux talents, en supervisant des scéances photos pour les vogues américains et…