Hernani victor hugo

Fiche de lecture : Victor Hugo, Hernani (1830)

I) Fortune du genre à l’époque de l’œuvre

Durant l’Ancien Régime, le « privilège » permettait au roi d’accorder ou non à un libraire ou imprimeur le droit d’illustrer son règne par des œuvres qui répondaient à un certain nombre de règles. Le domaine du théâtre se partage à cette époque entre les théâtres royaux, autorisés, officiels etsubventionnés et les autres non officiels et interdits en principe. La Révolution avec la loi « Le Chapelier » de janvier 1791 permet ensuite à tout citoyen d’ouvrir sa propre salle de théâtre à condition d’en informer les autorités municipales. En quelques mois le théâtre se développe et permet au public parisien de se divertir en toute liberté avec de nombreuses formes théâtrales dont de nouveauxgenres tels que le vaudeville et le mélodrame. Pourtant durant l’époque révolutionnaire de nombreuses restrictions existent pour des raisons idéologiques. La Comédie française se divise alors en deux théâtres rivaux opposant la nostalgie royaliste au républicanisme militant. La Terreur soumet tout au régime et des mots du répertoire classique tels que roi, reine, prince sont interdits. Après la chutedu pouvoir de Robespierre sur la France révolutionnaire en 1794 et la convention thermidorienne qui met fin à la terreur, les excès des comités révolutionnaires dont l’extrême violence reste incomprise, sont à l’ordre du jour sur la scène. Par la suite, sous le Directoire, le théâtre réussit à se faire une place et permet au public de se divertir et de mettre parfois de côté la politique.L’arrivée de Bonaparte au pouvoir en novembre 1799 ne modifie pas immédiatement cette situation de liberté acquise peu à peu par le théâtre. C’est en 1804 que Napoléon, sacré empereur manifeste sa hantise de du complot et de la trahison. En 1806 et 1807, deux décrets définissent des limites étroites imposées aux organisateurs de spectacles. Le système de la censure et des privilèges est plus ou moinsrétablit dans une politique répressive d’ensemble touchant les journaux, les écrivains et même les savants. En 1812 le décret dit « de Moscou » organise de façon rigide et défavorable la société des comédiens français : chacune des salles autorisées doit se soumettre à un type de répertoire chanté ou parlé et les limites de ces privilèges se font de plus en plus précises. Quelques salles nouvellesobtiennent néanmoins l’autorisation d’ouvrir. En décembre 1814, lors de la première Restauration, La Porte Saint-Martin est à nouveau autorisée à fonctionner normalement et peut accueillir entre 1830-1835 de nouvelles créations des drames des romantiques avec des auteurs tels que Hugo et Dumas. Par la suite Des salles plus petites s’ouvrent mais avec de nombreuses interdictions telles quel’interdiction de la parole. Le théâtre à l’époque d’Hernani est freiné par un nombre important de contraintes. L’administration impériale a instauré un service de la censure préalable : Aucun texte théâtral ne peut être publié ou joué s’il n’a pas reçu le visa d’un censeur professionnel, lecteur au service du pouvoir, payé pour faire la « chasse aux mots », aux expressions et situations qui mettent en cause larespectabilité politique avant tout et religieuse, sociale, morale. Il devient fréquent de refuser ce visa ou de demander des modifications et suppressions afin de pouvoir faire publier une œuvre. Pourtant malgré ces interdictions, le public parisien modeste assiste à de nombreux petits spectacles non-officiels. La demande de ces spectateurs se différencie de celles des aristocrates et c’estainsi que des genres nouveaux se développent en même temps que la critique des pros ou antiromantiques.

Il s’agit de garder à l’esprit la différence entre la réalité du théâtre perçue par le public de l’époque et la nôtre. A l’époque d’Hernani, le mélodrame et le Vaudeville sont les deux grands genres nouveaux qui divertissent le public parisien. Ces deux formes de théâtre, nées dès…