Idée

15.03.2009
Ploutocratie honteuse

Adorer la richesse, aimer les riches, favoriser les riches, gouverner pour les riches, après tout, pourquoi pas. Les Français étaient sérieusement avertis.Nicolas Sarkozy leur avait tout dit. En détail. Jacques Ségala ne leur avait pas encore claironné que le sens de leur vie serait d’acheter une Rolex mais ils savaient parfaitement que leur travail – ils enauraient à revendre – n’aurait d’autre sens que de gagner plus, d’amasser davantage de richesse, qu’ils seraient jugés selon leur mérite, qu’il n’y aurait d’autre but que l’excellence et quel’excellence des excellences serait la réussite, la fortune et la gloire. Le candidat leur avait dit sa foi dans un nouvel humanisme, dans cet “homme qui n’est pas une marchandise comme les autres” mais qui estnéanmoins une marchandise, avec un peu de spiritualité, de morale, de famille et de patrie en plus. On pouvait grincer des dents, réprimer des nausées, à voir les yachts, les jets, les Fouquets etautres fantaisies, ce cynisme était annoncé, programmé, proclamé. L’essentiel n’était pas là d’ailleurs, mais dans cette confusion du pouvoir et de la richesse, dans ces réseaux désormais installés – etpour longtemps – au coeur du pouvoir où les grandes entreprises, les grandes banques, les grandes fortunes dictent nos lois et réglementent notre vie.
Or voici la crise. La crise et sa cohorte denouvelles contrariantes. Cette pauvreté qu’on dénonçait comme une tare, la voici qui s’étend inexorablement. Beaucoup se lèvent plus tôt mais simplement pour chercher du travail ou fouiller lespoubelles. L’assistanat honni, vilipendé à longueur de discours rageurs, il va bien falloir s’y résoudre.
Dès lors, la ploutocratie devient honteuse. Les voyages luxueux du Prince se font dans laclandestinité. Plus aucun photographe pour les suites mexicaines fabuleuses. Il faut mentir et mentir encore pour dissimuler ces liens qui unissent le pouvoir et les grandes fortunes, plus ou moins bien…