Impressions d’initiation

Chers Frères,

C’est avec la plus grande joie, mais aussi une grande appréhension compte tenu de mon ignorance, que je suis amené à m’exprimer aujourd’hui devant vous, aussi, ferais-je appel à votre indulgence!

Il y a à peine 2 mois, j’étais en pleine interrogation:
Serai-je admis?
Que va t’il m’arriver?
Résisterai-je aux épreuves que je vais être amené à subir?

Mais à aucun instant,je n’ai douté de ma motivation ni de la justesse de ma décision.

Je m’étais gardé de trop m’informer sur ces épreuves, car je souhaitais me présenter devant vous en toute candeur, espérant que mon ingénuité me permettrait de vous prouver ma sincérité, et surtout je voulais garder un étonnement qui me permette de vivre pleinement cette expérience dont je pressentais l’intensité.

J’avaisentendu parler du passage sous le bandeau, ainsi que de la coupe d’amertume. Je ne savais rien de plus, et si je n’ai donc pas été surpris que l’on me bande les yeux, j’ignorais totalement que l’on me laisserait si longtemps livré à mes pensées, alors que j’imaginais passer quelque fabuleuse frontière!

Je vais maintenant tenter de vous retranscrire ce que j’ai éprouvé le soir de mon initiation, ainsique durant les quelques semaines précédentes.

Comme il faut bien un début, je me suis permis de décider arbitrairement qu’il se situe le jour où j’ai rencontré pour la première fois notre Vénérable Maître.

J’étais un peu inquiet en arrivant au rendez-vous, rien à voir avec la peur, simplement la crainte de rater un virage décisif de ma destinée.

J’ai été immédiatement rassuré car je mesuis trouvé en présence d’une personne bienveillante, qui, après avoir évalué ma motivation et, me semble-t-il, vérifié mes valeurs, a tenté de m’expliquer succinctement les différences entre les objectifs et les pratiques des différentes loges, afin que je fasse un choix qui corresponde à mes aspirations et à ma personnalité.

Mon parrain, Daniel, me connaît depuis longtemps et m’avait, de touteévidence, dirigé sur la voie qui me conviendrait le mieux. Au fil de l’entretien, ma conviction s’était confirmée, je suivrai l’itinéraire qu’il m’avait indiqué, et j’en informai notre Vénérable Maître.

J’ai ensuite rencontré successivement les 3 enquêteurs, qui m’ont, tout en étant attentifs, vigilants et réceptifs, reçu également avec la plus grande bienveillance

Ainsi chaque rencontrem’a conforté dans ma certitude d’avoir enfin trouvé mon chemin, celui que j’avais depuis longtemps cherché, dans la culture hippie, au début, dans les navigations océaniques ensuite, dans le militantisme plus récemment.

Il semble évident que tout homme doit tâtonner en vivant diverses expériences avant d’arriver à s’élever, mais mes premiers contacts avec mes futurs frères m’ont fait prendreconscience simultanément que j’approchais du but, et que j’en étais encore loin.

Et en matière de tâtonnement, j’ai bien été servi lors de mon arrivée dans ce lieu!

L’épreuve du bandeau n’en a pas été une pour moi.

Bien au contraire, j’ai apprécié la chance d’avoir la possibilité de laisser divaguer ma pensée, d’avoir une extrême conscience de mon corps, grâce au relatif inconfort du siège.Un vrai et trop rare moment avec moi-même! Et si cela a pu me sembler long au début, la notion de temps a finit par disparaître, et je fus étonné que l’on vienne me chercher!

Ensuite, ce que j’appellerai « l’interrogatoire » m’a pris de court, et je suis reparti convaincu d’avoir échoué.

Je tiens donc particulièrement à remercier notre Vénérable Maître de m’avoir si vite annoncé que vousm’acceptiez parmi vous, et, chacun d’entre vous, vous remercier de votre décision. Soyez assurés que je ferai le maximum pour ne pas vous décevoir.

Je suis donc revenu quelques jours plus tard pour l’initiation proprement dite.

Ce soir là, ce fut une vrai surprise que l’on me bande à nouveau les yeux, car je pensais avoir été admis.

Ce passage dans le cabinet de réflexion m’a semblé bien…