Israel survivra-t’il
Géopolitique du Moyen-OrientFiche de lecture | 23 mars 2011 |
Israël survivra-t-il ?Théo Klein et Antoine Sfeir, éd. Le Livre de Poche, 2009 |
Les auteurs
Théo Klein, né à Paris en 1920, avocat aux barreaux de Paris et de Jérusalem, fut l’un des responsables de la Résistance juive sous l’Occupation. Il est une des figures majeures de la communauté juive de France, puisqu’il fut président duCRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) de 1983 à 1989. Aujourd’hui âgé de 87 ans, Théo Klein se définit lui-même comme un « Juif libre ».
Antoine Sfeir, né à Beyrouth en 1948, est politologue et journaliste, possédant la double nationalité française et libanaise. Il fut enlevé en 1976 durant la guerre du Liban, et s’est installé en France dès sa libération. En 1985, ilfonde Les Cahiers de l’Orient, une revue d’étude et de réflexion sur le monde arabo-musulman, qu’il dirige encore aujourd’hui. Journaliste spécialisé, Antoine Sfeir est consultant pour différentes émissions radio ou télévisées sur l’islam et le monde arabe.
Thèses soutenues par les auteurs
L’objectif de l’ouvrage est de proposer des pistes de réflexion pour sortir le pays et la région de lacrise, en retraçant les différents évènements survenus durant les soixante années d’existence de l’Etat d’Israël.
De manière générale, les deux auteurs souhaitent l’intégration culturelle d’Israël dans la région. Selon Antoine Sfeir, « l’un des drames des pays arabes est d’avoir perdu leurs populations juives ». Aujourd’hui, la question qui se pose est celle de l’existence d’Israël au sein de larégion. Sfeir et Klein se livrent à une interrogation commune : Israël serait-il en passe de devenir un pays arabe comme les autres ?
Les deux auteurs soulignent le rôle clé que pourrait avoir Israël Sfeir. Selon Sfeir, « La vocation d’Israël n’était-elle pas de devenir le protecteur naturel de toutes les minorités ethniques de la région ? ». Klein est également convaincu du rôle clé d’Israël « Jesuis persuadé que les Israéliens pourraient assurer une contribution extrêmement importante à l’ensemble de la région ».
D’autre part, ils affirment qu’aucune issue ne pourra être atteinte tant que la Palestine, la Cisjordanie et Israël continueront d’avoir une approche aussi sécuritaire, avec le risque d’un enfermement communautaire total.
Problématiques de l’ouvrage
Le 29 novembre 1947, lesNations Unies décident du plan de partage et de la création de l’Etat d’Israël. Dès le lendemain, des affrontements ont lieu entre Juifs et Arabes. Soixante ans après, la « question palestinienne » n’est pas réglée, l’avenir d’Israël est menacé. Les questions identitaires au sein de cet Etat sont plus que jamais d’actualité, c’est dans ce contexte que Théo Klein et Antoine Sfeir se livrent à unéchange de point de vue sur la question d’Israël, dans le but d’identifier ce qui manque pour établir une paix durable.
La question est traitée au travers de discussions concernant différents thèmes, allant du sionisme à la guerre des Six Jours, des années 1950 à aujourd’hui, avec au final un bilan sur les propositions de solutions concernant l’équilibre de cette région.
La création de l’état d’IsraëlAntoine Sfeir résume en quatre points les raisons pour lesquelles la création de l’Etat d’Israël a été perçue comme un véritable tremblement de terre pour les états musulmans environnants. Premièrement, depuis la création d’Israël, les Arabes ont toujours vécu avec l’idée qu’ils étaient en retard d’une guerre, aussi la création de l’Etat juif est devenue un prétexte pour tous les régimesautoritaires du Moyen-Orient d’intégrer dans tous les programmes politiques la « nécessaire résistance à Israël », et par là, au monde occidental. La création de l’Etat d’Israël va également aider ces régimes à prospérer en accueillant les réfugiés palestiniens et en les faisant travailler « au noir », et enfin, elle a aussi entraîné le départ des juifs des pays arabes, qui y vivaient pourtant en…