Jérôme bruner
1 IUFM du Limousin Philippe LESTAGE 2008-2009
ce document n’est pas le cours mais seulement un support du cours
Jérôme BRUNER
Psychologue américain né en 1915 à New York, Jérôme Seymour BRUNER est professeur de psychologie et directeur de recherche à la New York University, après avoir débuté sa longue carrière à Harvard (Cambridge, Etat de Massachusetts). C’est là qu’il fonda en 1960 leCenter for Cognitives Studies, premier centre de recherche au monde qui affiche le terme « cognitif ». Ses travaux ont porté sur de nombreux domaines dont : la perception, la catégorisation, le récit, le développement cognitif, le langage chez l’enfant, l’éducation. Ce sont ces trois derniers domaines qui retiendront principalement notre attention. La lecture de BRUNER est difficile, malgré laclarté et la vigueur de son style, pour des raisons de fond. BRUNER parcourt en effet, à propos de chaque objet d’étude, les lignées de recherche où cet objet est saisi à partir d’autres disciplines. Ses investigations psychologiques se situent à la croisée de tous ces cheminements, et la dislocation initiale de ses approches est consécutivement une nécessité de méthode (1).
I. Premièresrecherches. La perception
Les premières recherches de BRUNER se situent dans le cadre du fonctionnalisme probabiliste, courant d’idées qui rassemble, vers 1950 plusieurs chercheurs dont la préoccupation commune est d’introduire une nouvelle approche de la perception (« new-look perceptif »). Convaincus que la perception n’est jamais entièrement déterminée par le contenu du message sensoriel, ilsdémontrèrent, à l’aide d’expériences ingénieuses, l’influence de diverses variables (expériences antérieures, besoins organiques et sociaux, émotions, défenses, mobiles, valeurs, etc.). BRUNER lui-même propose alors une véritable théorie de la perception, qu’on peut présenter comme suit (2). Au moment où des stimulations atteignent les récepteurs sensoriels, un sujet est toujours dans un certain état depréparation, qui découle à la fois de toutes ses expériences antérieures et des événements qui viennent de se produire. Cet état « central directeur » va orienter la sélection et le traitement des informations véhiculées par les stimulations.
1) Cf. présentation de BRUNER in J. BRUNER. « Le développement de l’enfant : savoir faire, savoir dire ». PUF. 1998. p. 15-16. 2) Cf. H. BLOCH, R. CHEMANA, A. GALLO,P. LECONTE. J-F. LE NY, J. POSTEL, S. MOSCOVICI, M. REUCHLIN, E VURPILLOT. « Grand dictionnaire de la psychologie ». Larousse. 1991. p. 106.
2 Pour BRUNER, la perception est catégorielle, inférentielle et prédictive. Toute expérience perceptive est une identification et il n’est pas de perception totalement inclassable. La perception n’est pas neutre, mais dépend de la valeur que l’on attribue àun objet. Elle est une sorte d’expérimentation : le sujet forge une hypothèse sur la nature de l’objet observé, hypothèse qui sera confirmée ou non par les informations qu’il reçoit dans les stimulations qui se présentent à lui. Ainsi, le sujet percevant confirme ou modifie une hypothèse préalable (attente perceptive) et infère la catégorie à laquelle appartient l’objet présenté. Le classementdans une catégorie permet d’inférer les différentes propriétés de l’objet, y compris celles sur lesquelles le message sensoriel ne transmet aucune information, par exemple les propriétés tactiles d’un objet vu mais non touché. Au total, le sujet est un observateur actif qui explore le monde et lui attribue du sens en fonction de ses attentes et de ses cadres de références ou « schèmes » perceptifs. En1956, BRUNER et ses collaborateurs publient une étude sur la catégorisation, et sur les stratégies employées dans un apprentissage de concept. La stratégie de base consiste à faire des hypothèses sur le concept à découvrir, hypothèses que les sujets conservent ou rejettent en fonction des informations fournies par une série d’objets (1). La catégorisation désigne la manière par laquelle nous…