Josef svoboda

daJosef Svoboda

« Quand je suis assis seul dans un théâtre et le regard dans l’espace sombre de son stade vide, je suis souvent saisi par la peur que cette fois je ne parviendrai pas à y pénétrer, et j’ai toujours l’espoir que cette crainte ne me déserte. Sans une recherche incessante de la clé du secret de la créativité, il n’y a pas de création. Il faut toujours recommencer. Et c’est ce quiest beau. » Josef Svoboda.

La scénographie est une des disciplines de l’art théâtral, une composante de la mise en scène et un élément essentiel de la représentation. Introduction Josef Svoboda est une des figures marquantes de l’intégration des technologies de projection d’images à la scène. Scénographe des plus importants, innovateurs et prolifiques du XXe siècle, on peut le qualifier, àl’instar de Loïe Fuller, de sculpteur de lumière. Principalement formé en menuiserie et en architecture d’intérieur, il a conçu plus de six cents scénographies pour le théâtre, l’opéra et le ballet, en Europe et en Amérique. Dans son travail, toujours à la fine pointe des techniques disponibles dans les domaines de la mécanique, de l’électricité, de l’électronique et de l’optique, il visait à larencontre des arts et des sciences et à l’équilibre des valeurs fonctionnelles et expressives de la scénographie. Avec son équipe, il développa des appareils et des méthodes permettant à la scénographie de s’émanciper des limites imposées par le lieu théâtral traditionnel. Svoboda est tout particulièrement reconnu pour son travail avec la projection d’images dans des installations multimédias qui ontfait époque, soit celles qui sont réalisées pour les Expositions universelles de Bruxelles (1958) et de Montréal (1967). Il estimait que ce genre d’événement permet d’explorer de nouveaux dispositifs à des échelles beaucoup plus vastes que celles du contexte de la représentation théâtrale habituelle.

Le praticien émérite, scénographies et dispositifs Dès 1942-43, Svoboda travaille sur un projetde scénographie intégrant des projections d’images pour une pièce qui ne sera pas montée à cause de la censure de temps de guerre. Les idées qu’il développe pour cette pièce sont de toute manière en avance sur les technologies disponibles à l’époque. Il réussit à les actualiser partiellement en 1950, avec Le onzième commandement. Dans cette œuvre, un film projeté sur un écran en fond de scènemontre des personnages qui dédoublent ceux qui se trouvent sur scène; le jeu des personnages réels est en relation étroite avec celui des personnages virtuels. C’est en 1958 que Svoboda parvient à réaliser une scénographie cinétique, multidisciplinaire et multimédia qui correspond aux idées qu’il entretient depuis longtemps. Ce projet nommé Laterna Magika fait appel à la projection panoramique(Cinémascope) mais aussi à un système de projection fragmentée sur plusieurs écrans, grâce à huit projecteurs synchronisés : le Polyécran. Évoquant la lucerna magica, dispositif de projection d’images mis au point par le père Kircher (1602-1680), la Laterna Magika est une forme de spectacle multimédia développée avec le metteur en scène Alfred Radok en 1957 pour le Pavillon tchécoslovaque de l’Expositionde Bruxelles de 1958. Le Polyécran constitue alors un nouveau concept de représentation de l’image

projetée, une forme d’art audiovisuel. Dans la première version du Polyécran, d’après un scénario intitulé Le Printemps de Prague d’Emil Radok, huit écrans, carrés et trapèzoïdes, forment une composition plastique fragmentée et décentrée, qui s’apparente au cubisme. Une multitude de points de vues’offrent au spectateur selon les angles, les distances et les inclinaisons qui le séparent des écrans. Sept projecteurs de films et huit projecteurs de diapositives synchrones, tous reliés par un axe électrique commun, créent un contrepoint rythmique des contenus visuels variés. Une constellation de hauts parleurs crée un espace acoustique résonnant. Le programme est contrôlé par un circuit à…