Kant
Prose café
Loin du labeur et des contraintes, j’apprécie à me ressourcer autour de ces cafés innés aux douceurs noires et chaudes. Seul, à deux, à trois, le nombre n’altère en rien le fluideastral qui désaltère. Parler, penser, rêver et se barbouiller de l’évasive ébène… Cela suffit à dénicher ces instants délicieusement éphémères.
Capuccino. Invitation pour un voyage vénitien qui nemanque pas de saveurs. Au fond de la tasse obscure, des reflets d’or. Le soleil y loge. Envahis par la mer… Qu’il est bon d’être insulaire ! Ô Carnaval nocturne ! Les masques défilent, les nez, lesyeux, les corps n’ont plus rien de commun. Ma bouche prend part au festival, enrobée d’une beige et légère mousse onctueuse. Mon esprit aussi ! Telle une gondole, il flotte et il divague au-dessus desdix vagues de la volupté.
Café pur Arabica des Indiens Quechuas. Machu Picchu et ses terres de feu péruviennes nous le font parvenir. Même la vapeur qui s’en dégage ne se perd pas ! C’est unefumerole des plus extraordinaires, gorgée de vigueur, de fougue et de nature. Ne voyez-vous pas ce volcan, là, sous votre nez ? Et l’altitude élevant vos consciences ? Ces cratères possèdent tout lecaractère de ces glèbes impétueuses. Biologique et énigmatique, leur force inoculée revigore les étourdis.
Café robusta de l’ex-Zaïre. Le Congo en son jardin offre des trésors parfois âcres, souventriches en sapidités. Ces sols qui se lovent au soleil, lavés par des ciels pluvieux, libèrent à terme le phénix de la nature. La négresse accueillante que chantait Gainsbourg se retrouve là, dans lanoirceur ambrée de mon bol de café. Le goût fou dégagé entraîne les soucis dans une folle farandole aux envies de proximité et de chaleur et de fusion.
Café au lait du matin. De la poudre à l’eau, aulait, sans luxure et sans ornement. Simple comme un sourire. Comme le tien, qui, quotidien, enrichit mes tartines d’un petit peu d’amour. Les printemps de mes jours se colorient de rêves, laissant…