Karl marx, manifeste du parti communiste (extraits)
« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte de classes. Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurandes* et compagnon, bref oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une lutte ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une lutte qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la sociététout entière, soit par la disparition des deux classes en lutte. La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n’a pas aboli les antagonismes de classes, elle n’a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d’oppression à celles d’autrefois. Cependant, le caractère distinctif de notre époque est d’avoir simplifié les antagonismes de classes. Lasociété entière se scinde en deux vastes camps ennemis en deux grandes classes qui s’affrontent directement : la bourgeoisie et le prolétariat.
Les communistes proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement de tout l’ordre social passé.
À mesure que grandit la bourgeoisie, c’est-à-dire le capital, se développe aussi le prolétariat, la classe des ouvriersmodernes qui ne vivent qu’à la condition de trouver du travail et qui n’en trouvent que si leur travail accroît le capital. Ces ouvriers, contraints de se vendre au jour le jour, sont une marchandise, un article de commerce comme un autre ; ils sont exposés par conséquent à toutes les vicissitudes de la concurrence, à toutes les fluctuations du marché.
Les ouvriers commencent par se coalisercontre les bourgeois pour la défense de leurs salaires. Ils vont jusqu’à former des associations permanentes, pour être prêts en vue de rébellions éventuelles. Ça et là, la lutte éclate en émeute.
Parfois, les ouvriers triomphent ; mais c’est un triomphe éphémère. Le résultat véritable de leurs luttes est moins le succès immédiat que l’union grandissante des travailleurs.
Que les classesdirigeantes tremblent devant une révolution communiste ! Les prolétaires n’ont rien à y perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner. “Prolétaires de tous les pays. Unissez-vous” ».
Karl Marx, Manifeste du Parti communiste (extraits), 1848
* Groupement professionnel autonome composé de membres égaux unis par un serment, sous l’Ancien Régime.
Questions
1. Présentez le document.
2.D’après Marx quels sont les rapports sociaux qui caractérisent l’Europe industrielle du milieu du XIXème siècle. Comment se nomme sa théorie ?
3. Montrez comment certaines situations concrètes peuvent illustrer cette analyse dans l’Europe industrielle du milieu du XIXème siècle.
4. Pour Marx, quels sont les moyens à mettre en œuvre permettant d’atteindre les objectifs visés.
5. Est-ceque l’appel qui termine ce texte a été entendu. Qu’est-il advenu de la pensée marxiste dans les années qui ont suivi ?
Correction du commentaire d’un document historique :
Karl Marx, Manifeste du Parti communiste (extraits), 1848
1) Le document qu’il nous est proposé d’étudier est extrait du « manifeste du parti communiste », ouvrage qui expose le point de vue politique de Karl Marx,économiste et philosophe allemand. En 1848, la première révolution industrielle, née en Angleterre vers 1780, s’est étendue à l’ensemble de l’Europe du Nord-Ouest. Les villes alimentées par un exode rural intense, se développent, changent, la société aussi, avec l’essor du monde ouvrier. Peu à peu, le monde des campagnes laisse place à l’univers des usines. K. Marx fait ici une analyse personnelle de lasociété du milieu du XIXème siècle et propose une nouvelle forme de socialisme fondée sur le matérialisme historique, un socialisme qu’il souhaite avant tout scientifique. Il expose notamment son idée des rapports sociaux qui caractérisent l’Europe industrielle du milieu du XIXe siècle, ainsi que les moyens qu’il envisage pour atteindre les objectifs de sa théorie.
2) Pour Marx, l’Europe…