La ballade des pendus – villon

Le Bal des pendus d’Arthur Rimbaud

Arthur Rimbaud, auteur du XIXe siècle qui influença les symbolistes, fut un excellent élève et surtout un poète précoce. En effet, ce n’est qu’à l’âge de seize ans qu’il écrit ses premiers poèmes, notamment « Le Bal des pendus ». Reprise d’un devoir de français donné par son professeur, Rimbaud prend ici la défense des paladins, chevaliers du Moyen Agese battant pour des causes justes, et des poètes, comme François Villon, tandis qu’il critique vivement les institutions religieuses et pénales. Ce poème est une parodie du texte du Parnassien Théodore de Banville, intitulé « Ballade des pendus ». Si ce topos, notamment avec les textes de Banville et de Théophile Gautier (« Bûchers et tombeaux ») a été repris maintes fois, cela est dû au fait quece dernier était « à la mode » à cette époque. Ainsi, on peut se demander comment Arthur Rimbaud s’empare de ce thème traditionnel et comment il le renouvelle. Pour répondre à cette interrogation, nous montrerons en quoi ce texte est une parodie de « la Ballade des Pendus » de François Villon, puis nous mettrons en relief les points qui font que ce texte transformé bouleverse la tradition, avantd’étudier la tonalité sarcastique dans le poème.

A première lecture, le lecteur a effectivement le sentiment que le jeune Rimbaud imite son illustre prédécesseur François Villon. En témoigne la reprise du thème de la danse macabre, comme dans la « Ballade des Pendus ». Ce dernier est tout de suite évoqué dans le premier quatrain d’octosyllabes du poème : « Au gibet noir, manchot aimable, /Dansent, dansent les paladins, » (vers 1 et 2). L’attention du lecteur est également attirée par le titre du poème : « Le Bal des pendus ». En effet, il est relativement proche du poème de François Villon mais également du poète Théodore de Banville, issu de l’Ecole Parnassienne. Effectivement ces deux poèmes s’intitulent « La Ballade des pendus ».
Par ailleurs, Arthur Rimbaud a conservé quelquescaractéristiques de la ballade telle que la présence d’un refrain. Ce dernier est en réalité un quatrain d’octosyllabes situé au début et à la fin du poème. Mais ce n’est pas la seule ressemblance prosodique avec la ballade traditionnelle. Rimbaud a également préservé la musicalité souvent présente dans cette forme fixe. Ainsi, les nombreuses exclamations rendent le poème plus vivant (« Hurrah ! »dans les vers 1 et 21, « Hop ! » vers 11…). L’emploi d’un champ lexical varié relatif au thème de la danse et les nombreuses répétitions renforcent aussi cette volonté du poète de rendre son poème original :« Dansent, dansent les paladins » (vers 2), « Hurrah ! les gais danseurs » (vers 11), « Les fait danser, danser aux sons d’un vieux Noël ! » (vers 8).

Mais les ressemblances avec laballade s’arrêtent là. Il s’avère en effet que le poème de Rimbaud présente beaucoup plus de différences que de similarités. Le texte de Rimbaud va donc passer du pastiche à la parodie.

Tout d’abord, le poème, que l’on peut considérer en apparence seulement comme une ballade, n’en est en réalité pas une dans la forme : Rimbaud s’affranchit des règles qui la régissent. Ainsi l’auteur n’a pas eurecours aux strophes carrées mais a préféré composer des quatrains d’alexandrins. On peut remarquer que ces mêmes alexandrins sont déstructurés. En effet Rimbaud a déplacé la césure de nombreux vers en la mettant à la quatrième syllabe au lieu de la sixième (vers 17 et 20). Par ailleurs, le refrain, qui participe à la musicalité du poème, est un quatrain d’octosyllabes. On retrouve d’ailleurs lesmêmes procédés dans « Au cabaret vert ». L’atmosphère y est également allègre. Le lecteur peut être aussi sensible à la description réaliste de la décomposition de ces corps qu’Arthur Rimbaud fait : elle renforce le côté sombre du poème très empreint d’humour noir. D’où la présence d’un lexique réaliste : « bras grêles Cette description est cependant moins choquante que celle présente dans «…