La crise de la dette mexicaine et la banque mondiale
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La crise de la dette mexicaine et la Banque mondiale
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Date de mise en ligne : jeudi 11 mai 2006
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Robert McNamara et le président Luis Echeverria (1970-1976) s’entendent très bien. Le président mexicain adirigé une répression féroce contre la gauche radicale. A partir de 1973, les revenus en devises du Mexique croissent rapidement grâce au triplement du prix du pétrole. Cette augmentation des revenus en devises devrait mettre le Mexique à l’abri de la nécessité de s’endetter. Pourtant le volume des prêts de la Banque mondiale au Mexique augmente fortement : il est multiplié par 4 entre 1973 et 1981(passant de 118 millions de dollars prêtés en 1973 à 460 millions prêtés en 1981). Le Mexique s’endette également auprès des banquiers privés avec l’aval de la Banque mondiale. Le volume des prêts des banques privées au Mexique est multiplié par 6 entre 1973 et 1981. Les banques des États-Unis dominent largement, suivies dans l’ordre par les banques britanniques, japonaises, allemandes,françaises, canadiennes et suisses. Les montants prêtés par les banquiers privés sont plus de 10 fois supérieurs à ceux prêtés par la Banque mondiale. Quand la crise éclate en 1982, on dénombre 550 banques créancières du Mexique ! Pour la Banque mondiale, en prêtant au Mexique, l’enjeu est de garder une influence sur les autorités mexicaines. En 1974-1976, la situation des finances publiques mexicaine sedétériore gravement. La Banque mondiale pousse le Mexique à continuer à s’endetter alors que les signaux d’alerte clignotent.
Le 3 février 1978, la Banque mondiale fait la projection suivante : « Le gouvernement mexicain est à peu près certain d’obtenir un accroissement important des ressources à sa disposition au début des années 1980. Nos projections les plus récentes font état d’un surplus de labalance des transactions courantes en 1982, d’un accroissement important des revenus d’exportation, principalement grâce au pétrole, ce qui devrait faciliter le problème de la dette extérieure et la gestion des finances publiques au début des années 1980. Le service de la dette extérieure qui représentait 32,6% des revenus d’exportation en 1976 augmentera progressivement jusqu’à 53,1% en 1978 etva par la suite décroître à 49,4% en 1980 et jusqu’à environ 30% en 1982 ! » |1| C’est le contraire qui se passe en réalité. L’entièreté du pronostic cité est contredit par les faits ! Au moment où, en octobre 1979, Paul Volcker, directeur de la Réserve fédérale des États-Unis, décrète la forte augmentation des taux d’intérêt qui va conduire inexorablement à la crise de la dette, déclenchéejustement à Mexico, la Banque mondiale se veut rassurante. Le 19 novembre 1979, elle écrit : « Tant l’accroissement de la dette extérieure du Mexique que l’augmentation du ratio du service de la dette par rapport aux exportations qui pourra s’élever jusqu’à 2/3 des exportations (…) donnent à penser qu’il s’agit là d’une situation très critique. En fait, c’est le contraire qui est vrai |2| ». C’estlittéralement ahurissant.
Le message émis par la Banque mondiale consiste à dire que même si tout suggère que tout va mal, il n’y a rien à craindre, la situation réelle est excellente et il faut continuer à s’endetter. Que dirions-nous d’un garde-barrière qui encouragerait les piétons à traverser la voie ferrée alors que le feu rouge indique l’arrivée imminente d’un train ? Que ferait la justice sice type de comportement avait entraîné mort d’homme ? Les banquiers privés du Nord augmentent d’une manière exponentielle les montants prêtés aux PED, à commencer par le Mexique. Un des économistes de la Banque chargé de suivre la situation écrit un rapport très alarmant le 14 août 1981 |3|. Il explique qu’il est en désaccord avec la position optimiste du gouvernement mexicain et de son…