La liberté politique
La liberté politique se réduit-elle au pouvoir de vivre tranquillement ?
Qu’est-ce que la liberté politique ? C’est l’état d’un groupe humain souverain qui se gouverne de manière autonome. C’est aussi le pouvoir d’agir sous la protection des lois, c’est le droit de faire ce que les lois autorisent. Ainsi la liberté de l’homme qui vit avec ses semblables en société, dans le cadre juridique d’unEtat, est relative à autrui. Le Droit semble être là pour réglementer les interactions entre les individus. De plus, il faut s’interroger sur le terme de « vie tranquille » : un état de passivité, d’inertie qui affecterait l’homme et amènerait à l’humanité une liberté d’action en puissance serait-il suffisant ? Une vie tranquille est-elle une vie d’acceptation de l’ordre établi, ou plutôt unétat d’équilibre ? Ne serait-ce pas plutôt un état d’existence sécuritaire dont devrait bénéficier l’homme qui userait alors de sa raison pour acquérir son indépendance ? De plus, l’expression du verbe « se réduire » exprime une exclusivité. Il exprime l’inclusion selon laquelle la liberté politique dépendrait directement et uniquement de l’état sécuritaire que pourrait offrir un Etat. Ainsi, nousallons nous demander si un régime politique qui assurerait simplement la sécurité de ses membres assurerait de facto leur liberté au sein du groupe.
La liberté politique peut être vue comme une notion égoïste dans la mesure où il s’agit d’exercer ses droits individuels comme bon nous semble, au sein d’une communauté, sans craindre les décisions arbitraires d’un Etat ou d’un individu qui viendraiententraver l’établissement progressif de notre construction du soi intérieur. Evoluer au sein d’un Etat libre, sécuritaire semble donc être une nécessité première, afin de disposer de sa liberté sans prendre aucun risque vital, et en étant assuré de sa sécurité. C’est pourquoi il est possible de penser la liberté en termes de sécurité. Les hommes recherchent la conservation de soi, or cette essences’exprime dans un état primaire où tout est à tous, ce qui induit l’utilisation de la force. Cependant, on note un paradoxe essentiel de la volonté humaine : l’accumulation de puissance par chacun devient davantage un élan vers la guerre qu’une sécurité de sa propre conservation. Je déclare la guerre pour me conserver, or cet état provoqué risque de m’être fatal. C’est ce risque potentiel, cettecrainte de la mort qui induit un long départage menant l’homme à penser sa propre conservation selon une autre optique. En effet, on pourrait postuler que les hommes ne s’allient en société que pour échapper à l’état de nature, qui serait un état de guerre latente et potentielle. Pour l’éviter, les hommes passeraient alors un contrat : ils veulent avant défendre leur vie et leurs intérêts. Cetégoïsme qui définit l’anthropologie de manière pessimiste révèle le désir de survie primaire de l’homme, qui semble devoir accorder des concessions à autrui, par le consentement. Il doit exprimer une confiance mutuelle et s’appuyer sur l’intégrité des hommes. L’association, le droit et l’état civil tendent à supprimer les tensions et les conflits, or l’essence de cette société pacifique est, commel’essence de la paix, d’être une « nécessité contingente » de la raison humaine, c’est-à-dire une exigence empirique afin d’assurer sa conservation et par là même sa liberté. La société serait donc une utilité à sa propre conservation. C’est ainsi que l’on peut concevoir l’Etat comme un organe de survie : en suspendant une partie de leurs libertés, les hommes passent un contrat avec l’autorité quiassure en contrepartie leur sécurité. En effet, l’Etat est l’instrument nécessaire pour dépasser cette violence naturelle des hommes et l’arbitraire qui pourrait s’abattre sur lui, inspiré par les gouvernants ou par un individu supérieur. Il s’agirait donc d’un cadre juridique qui viendrait réduire encore la violence et la fragilité de la société à visée pacifiste en l’inscrivant dans la durée….