La logique de la généralité

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La Logique de la Généralité
Réflexion sur la démocratie européenne
Introduction

L’Europe est-elle une société primitive ?
On reproche aux sociétés primitives un manque de politique, un manque de peuple et d’identité. Les ethnologues eurosceptiques décrivent l’UE par le manque. Elle serait acéphale comme les sociétés segmentaires. On luireproche son manque de politique, ce manque de « sens politique » (Gauchet).
En théorie politique, il y a toujours plusieurs options. Premièrement, en ce qui concerne le politique, on peut dire qu’il est toujours le même car il est une essence et qu’il est transhistorique (Julien Freud). L’autre théorie serait de dire que la politique, c’est l’indétermination et l’innovation (Claude Lefort).
Sion pense que l’Etat-nation est l’habitacle naturel de la démocratie (Paul Thibault) et que le principe abstrait de la démocratie présuppose une identité des sociétaires au préalable, alors on mesurera la qualité démocratique de l’UE à partir de l’Etat-nation et donc le manque à partir de l’aune qui est l’Etats-nation.
A l’inverse on peut aussi dire que les expressions politiques sont contingenteset qu’il appartient aux différentes générations de renouveler et de transformer les identités, il faut alors réfléchir à la qualité démocratique de l’Union européenne d’une autre manière.
La thèse consiste à dire que l’UE est un genre politique inédit qui s’incarne sur une échelle inédite et qui possède un fondement inédit. Travailler l’UE à travers cette focale là est un moyen de mettre àdistances les critiques adressées à l’Europe tout en les prenant en compte.
La question :
* Le rêve d’une constitution qui n’a pas aboutit était-il un rêve du retour du politique dans la machine technocratique, d’un nouvel acte fondateur d’une Europe inédite justement, d’une voie politique européenne qui intéresserait les peuples ?
* Ou à l’inverse ce rêve ne serait-il pas le signe d’uneillusion européenne : vouloir graver dans le marbre du droit une unité entre les peuples européens qui n’existe pas entre les membres de l’Union ?
On ne peut répondre à ces question sans réfléchir au sens d’un tel acte (simple ingénierie institutionnelle ou acte de naissance d’une communauté de citoyens ?) ni sans poser le problème du peuple et de l’identité des Européens.
1. « Déficitdémocratique »
On constate et on déplore :
* La faible participation citoyenne aux élections et donc aux décisions européennes (la croissance continue de l’abstention aux élections européennes)
* Le caractère technocratique du fonctionnement de l’Union Européenne (le rôle prépondérant des experts au détriment des citoyens)
* La faible association de l société civile lors de l’élaboration despolitiques publiques européennes
* Le compromis institutionnel et l’interdépendance de la triade Parlement-Conseil-Commission (la « démocratie de consensus)
* Le sentiment de dépossession des citoyens
* La faiblesse de l’Europe redistributive et sociale
* L’absence de contrôle des citoyens
L’Union est donc incapable de dépasser le stade du marché (elle est donc incapabled’inventer une Europe sociale). L’Europe manque d’identité et repose sur des arbitrages juridiques qui autorise des activités de lobbying auxquelles certains Etats ne sont pas habitués. Elle ne peut donc être qu’une démocratie faible sans véritable adhésion et participation civique. L’Union est en panne de projet proprement politique.
Bref, l’Union européenne n’est ni un Etat européen, ni une nationeuropéenne, ni même une fédération au sens américain ni un Etat providence ou une puissance militaire. Que lui reste-t-il donc ?
On pourrait d’abord répondre aux sceptiques que les institutions sont lointaines peut-être mais que le contrôle exercé sur celles-ci est bien plus stricte que dans les pays membres. On peut aussi relativiser la portée de ses institutions dans la mesure où seul 20% des…