La maltraitance et la bientraitance

LA MALTRAITANCE ET LA BIENTRAITANCE

« je fais le mal que je ne voudrais pas et pas le bien que je voudrais » (St PAUL)
« il faut que celui qui dispose du pouvoir réfléchisse et agisse sur lui même pour ne pas en abuser » (MONTESQUIEU)
« agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien au regard de ta personne que celle de l’autre, toujours en même temps comme une fin et jamais commeun moyen » (KANT E.).

Sujet délicat parce que la maltraitance fait résonance avec le bien et le mal, est difficile à appréhender en raison de la vulnérabilité des personnes accueillies, du secret des procédures, de la peur des représailles, de la honte à extérioriser des traitements dégradants, de l’opacité des institutions qui relativement souvent préfèrent taire « leur cas de maltraitance »et parfois même à l’évoquer au sein des institutions parce que la violence reste antinomique du « prendre soin ».
Aucun professionnel ne peut faire l’économie d’une rencontre toujours douloureuse avec la maltraitance, avant et indépendamment de toute question de procédure de signalement.
La maltraitance n’est pas un risque hypothétique et lointain mais bien un risque incontournable des pratiquespour tous les professionnels au contact des personnes vulnérables, quel que soit leur métier. L’exercice de leur mission appelle donc la conscience de ce risque et la vigilance qu’elle induit (CHARLANE D.).
Le terme de violence a laissé place à celui de maltraitance qui souligne le dévoiement des missions premières parce que la notion de maltraitance ferait ainsi référence à la nécessitéd’évaluer les organisations.
« c’est désormais le bientraité qui prime et non l’analyse des risques et des sources de violences » (CORBET E.).
Maltraitance, terme d’abord utilisé avec les enfants puis étendu aux personnes âgées et aux personnes handicapées qualifiées de personnes vulnérables.
Maltraitance envers les personnes vulnérables pas nouvelle.
C’est la prise de conscience de cette maltraitancequi est nouvelle.
La proximité de la bientraitance et de la maltraitance signale une étroite résonance entre les deux.
Utiliser le terme de bientraitance oblige les professionnels à garder en mémoire la trace de la maltraitance.
La bientraitance, démarche volontariste, situe les intentions et les actes des professionnels dans une perspective d’amélioration continue des pratiques tout enconservant une empreinte de vigilance incontournable.
La bientraitance est donc à la fois démarche positive et mémoire du risque.

Plusieurs risques à aborder la question de la maltraitance selon BILLE M.:
risque de culpabiliser ceux qui sans doute maltraitent le moins, sachant que ceux qui maltraitent le plus se gardent bien de venir en parler;
risque de généraliser abusivement, de laisserpenser que tout est maltraitance partout et de tenir un discours désespérant, démobilisateur et culpabilisant;
risque de mettre en accusation des professionnels, supposés maltraitants mais pouvant être « victimes » d’un environnement institutionnel précaire, instable et peu contenant.
Risque de voir de la maltraitance partout parce que si chacun peut être en permanence maltraitant, alors lerisque existe de considérer implicitement, inconsciemment que puisque tout le monde peut l’être, plus personne ne l’est vraiment: puisque tout est maltraitance, plus rien ne l’est.
La cause de la maltraitance étant rarement unifactorielle et conséquence de problèmes préexistants, il faut éviter de raisonner en termes de « coupable » et de « pauvre victime ».
Plus intéressant de réfléchir ausystème dans lequel vivent les protagonistes et d’analyser tous ces éléments par le biais d’une approche pluridisciplinaire.

Quelques éléments historiques:
dans l’Antiquité: élimination des enfants qualifiés de fragiles ou/et handicapés en les jetant dans un ravin.
A Rome: pouvoir omnipotent du père sur la famille et choix des sanctions et de traitements réservés aux enfants comme aux esclaves….