La meditation
Association Bouddhique Theravâda « Vivekârâma »
(http://perso.club-internet.fr/mhd-abt/vivekarama/)
LA MEDITATION
par Michel-Henri Dufour « Le délire est la croyance irréductible et inébranlable à une conception fausse de la réalité. » (définition psychiatrique du délire) Certains linguistes pensent avoir découvert la source du mot « thérapeute » dans le pâli theraputta (littéralement : «le fils de l’Ancien »), thera étant le nom donné aux moines bouddhistes de la tradition primitive connue sous le nom de Theravâda. Qu’ils aient tort ou raison importe peu en fait. Cette démarche étymologique semble traduire l’intuition fondamentale que l’enseignement bouddhique dispensé par les moines (thera) recèle la clé de notre santé totale et représente la « médecine » radicale dont nousavons tous besoin et que nous recherchons tous plus ou moins habilement dans notre course aux thérapies et théories chaque jour plus nombreuses et déroutantes par leurs néologismes et leur complexité. La conception bouddhique de la santé et du traitement de la maladie a anticipé de plusieurs siècles la compréhension occidentale récente selon laquelle la plupart des troubles, bien que présentant dessymptômes physiologiques, sont en réalité des désordres d’origine psychique. Pour un bouddhiste la seule véritable maladie consiste en l’incapacité à vivre correctement dans ce monde et à mettre son esprit en accord avec la réalité essentielle de l’existence. Le premier remède est donc l’acquisition de la sagesse qui peut surgir lorsque toutes les négativités issues de l’illusion sont résorbées.Le mental est l’avant-coureur de toutes les conditions La préoccupation fondamentale pour la santé a fait naître sur le « marché » toutes sortes de théories et de systèmes relatifs aux différents régimes alimentaires, à l’exercice du corps et à tout ce qui touche, même de loin, au bien-être physique. Un nouvel hédonisme est né. Parfois la santé mentale intervient, mais ce n’est alors que poursoutenir la santé physique. Possédant un corps il est bien sûr tout à fait raisonnable de s’en occuper, mais quelles que soient les méthodes mises en oeuvre, la vieillesse, le déclin et la mort sont sur nos talons. Or, le mental étant l’avant-coureur (le créateur en quelque sorte) de toutes les conditions expérimentées dans la vie, la santé de l’esprit est de première importance, et elle peuts’établir sans avoir recours à des pratiques inutilement complexes. Il est vrai que les causes génératrices de nos tensions intérieures semblent être issues du monde extérieur. Ce sont : la nécessité d’assurer sa subsistance, les obligations familiales, les exigences de compétition et de prestige qui nous sont imposées. Mais les véritables causes résident en nous.
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Tout d’abord dans l’anxiétééprouvée lorsque ce qui possède de la valeur à nos yeux est menacé, ensuite dans le ressentiment nourri à l’encontre de ceux qui menacent ces valeurs et notre importance personnelle et enfin dans le besoin constant de s’affirmer. Toutes les souffrances mentales proviennent de ce désir centré sur le moi, de l’aversion et de l’illusion. En tant que facteur produisant les tensions le désir s’exprime commeanxiété, l’aversion comme ressentiment et l’illusion comme affirmation de soi. Le développement mental est une culture de l’esprit pour sa connaissance profonde. L’esprit est le point de départ, le point focal, et aussi, en tant qu’esprit libéré, le point culminant : « L’esprit précède les choses, les domine, les crée ». C’est un entraînement graduel, évitant les extrêmes, et invitant non pas àsuivre aveuglément une suite de propositions dogmatiques, mais à « voir », à constater, à comprendre par expérience personnelle afin d’agir armé d’une sagesse toujours plus profonde et aiguisée. Cette sagesse est la vision directe dans la véritable nature de tout ce qui existe : non permanence, insatisfaction et vide de réelle substance. Seule cette sagesse permet d’aller jusqu’au bout dans…