La note de veille

Avril 2009 Janvier 2008 Janvier 2009

n°n120 °120

ANALYSE
Après la crise, quelles pistes de changement dans la régulation du capitalisme ?
En quoi la crise est-elle porteuse de changements dans la régulation du capitalisme financiarisé qui s’est développé depuis 20 ans ? Au-delà des positions de principe sur le renforcement des règles et la réhabilitation du rôle de l’État, cette noteexamine quelques-unes parmi les pistes de transformation évoquées lors du colloque « Nouveau monde, nouveau capitalisme », qui s’est tenu à Paris les 8 et 9 janvier derniers. Deux axes de transformation font l’unanimité, celui d’une adaptation de la réglementation financière et celui de l’élargissement du périmètre de la coordination économique mondiale. Semble aussi très largement admise l’idée selonlaquelle l’inéquité dans la distribution des revenus nationaux et mondiaux constitue un creuset de déséquilibre. Ce constat nourrit les pistes d’évolution des modalités de concertation au niveau de l’entreprise comme des États pour mieux représenter les intérêts des « stakeholders ».
L’ampleur de la crise économique en cours semble ébranler les fondements du capitalisme « à l’anglosaxonne »,devenu hégémonique à la faveur de la disparition du bloc soviétique. Elle impose de repenser la régulation et les valeurs du système économique mondial dont l’instabilité révèle plusieurs défaillances. La crise relève en premier lieu de réglementations, de systèmes d’informations et d’incitations inadéquats. Mais elle sanctionne aussi, à l’échelle macroéconomique, des tendances déflationnistes quitiennent en partie à une diffusion inéquitable des gains de la croissance. Elle sanctionne à plus grande échelle l’accumulation de déséquilibres de financement difficilement soutenables entre pays « sur-producteurs » du Sud et de l’Est et pays « sur-consommateurs » du Nord. Au-delà des remèdes anti-crise qui font l’unanimité, des réformes doivent être envisagées et ont notamment été évoquées lors ducolloque « Nouveau monde, nouveau capitalisme », qui s’est tenu à Paris les 8 et 9 janvier derniers1. Si la profondeur et la nature multidimensionnelle de la crise conduisent à repenser le système de régulation à plusieurs niveaux ou registres, deux axes principaux se dégagent pourtant. Il s’agit, en premier lieu, de garantir la stabilité financière en mettant en place de nouvelles normes, tantau niveau du secteur financier qu’aux échelles nationale et supranationale pour renforcer notamment la coordination économique mondiale. En deuxième lieu, il faudra s’interroger sur la soutenabilité du système de gouvernance par l’actionnaire, sa responsabilité dans la montée des inégalités et sa capacité à internaliser des critères de responsabilité sociale et environnementale. Ce deuxième axedépasse les questions de gouvernance entrepreneuriale et touche les enjeux de concertation et d’action correctrice des États.

Organisé par M. Éric Besson, secrétaire d’État chargé de la Prospective, de l’Évaluation et de l’Économie numérique, le colloque a été ouvert par M. Nicolas Sarkozy, président de la République française, et M. Tony Blair, représentant du Quartet et ancien Premier ministre duRoyaume-Uni, co-présidents du colloque, en présence de Mme Angela Merkel, Chancelière de la République fédérale d’Allemagne. M. François Fillon, Premier ministre, est intervenu en clôture du colloque. Trois tables rondes se sont succédé : Table ronde 1 : « Les valeurs du nouveau capitalisme ». Participants : Tony Blair, Jean-Paul Fitoussi, Francis Fukuyama, Michel Rocard, Amartya Sen, GiulioTremonti, Enrico Letta, Johanna Hill Dutriz. Table ronde 2 : « Mondialisation et justice sociale ». Participants : Pascal Lamy, Neelie Kroes, John Monks, Kamal Nath, Jean Pisani-Ferry, Joseph Stiglitz, Wouter Jacob Bos, Thomas J. Mulcair. Table ronde 3 : « Comment peut-on réguler le capitalisme? ». Participants : Ellen Johnson-Sirleaf, François Chérèque, Howard Davies, Edmund Phelps, Jean-Claude…