La pluralité des méthodes
et analyse économique

Milton Friedman, économiste rattaché au courant monétariste a écrit « Laissez 3 économistes travailler ensemble, vous êtes sûr d’avoir au moins 4 avis sur la politique à suivre ».

I. Les théories économiques et les sciences exactes

1) Explication standard et explication plurielle :

Il y a une différence référentielle entre l’explicationdes sciences exactes ou dures, et l’explication de l’économie.

L’explication des sciences dures est l’explication standard, qui signifie qu’à un moment donné il n’y a qu’une seule théorie qui a le droit de citer pour expliquer les phénomènes pour lesquelles elle a été forgée. Par exemple, dans l’astronomie, au temps d’Aristote, la Terre était vue comme le centre de l’univers et c’était lesoleil qui tournait autour de la Terre. Pendant toute cette période, il n’y avait que cette théorie, jusqu’à ce que Copernic dise le contraire. Avant cela, c’était l’explication standard. Ensuite, c’est l’explication de Copernic qui est devenue standard. Tant qu’une théorie n’est pas contestée, elle a le droit de citer.

L’explication plurielle renvoie à un type d’explication qui mobilise à une mêmeépoque, dans le même espace, des points de vue différents, on aura à faire à des explications concurrentes à l’endroit d’un même objet à expliquer. Ce type d’explication plurielle caractérise la science économique.
Par exemple, la question de chômage est complexe. Si on prend la théorie libérale (Smith, Ricardo, J-B Say…) il est dit que si les salaires augmentent, il va y avoir une augmentationdes coûts qui va entrainer une augmentation des prix, donc une baisse de la demande, puis de l’offre, donc une baisse d’embauche, ce qui va augmenter le chômage. Si on prend la théorie keynésienne, il est dit que si les salaires augmentent, la demande augmente, donc l’offre augmente, puis les embauches augmentent, ce qui fait baisser le chômage.

Pourquoi cette différence en terme d’explicationdes sciences exactes ou économiques ?
2) Noyau explicatif de la pluralité des théories concurrentielles en économie :

L’objet d’étude des sciences exactes est la nature. Quand on répond à une question, on ne s’engage pas sentimentalement, on parle de neutralité relative dans le processus de la recherche.
Tandis que pour la « science économique » (savoir économique), l’objet d’étude est lesrapports humains sous leur aspect économique. A partir du moment où le chercheur voit dans son objet d’étude apparaître les rapports humains, il se trouve consciemment ou inconsciemment impliqué. Sa subjectivité personnelle ainsi que ses préférences vont orienter ses recherches. Par conséquent, il ne faudra pas s’étonner que l’on soit amené à rencontrer des explications différenciées sur une mêmequestion économique. A ce niveau d’analyse, si il apparaît que l’objet semble jouer un rôle capital dans la distinction d’une explication plurielle ou standard, il apporte de l’approfondir. Nous allons le faire par le biais des principales méthodes mobilisées dans l’analyse économique.

II. La pluralité des méthodes dans l’analyse économique

A. On distingue plusieurs approches :

Approchenormative
Approche positive
Approche formelle
Approche substantive
Approche historique (allemande et marxiste)
Approche matérielle
Approche réaliste

Approche normative :

La méthode normative constitue l’aspect applicatif de la connaissance économique, il s’agira de la politique économique. La notion de norme nous indique que c’est un type de savoir où le chemin à suivre est déjàchoisi, balisé.
Stuart Mill dit « l’économie normative ou art économique est un recueil de vérité ou une instruction de conduite […] Le langage de l’art est « faite ceci et évitez cela » […] L’art se propose une fin et cherche les moyens de l’atteindre. »
Cette conception normative de l’économie où l’on met en perspective les fins et les moyens est à rapprocher de la méthode formelle. La conception…