L’amour

L’idée de construire implique de faire advenir quelque chose, de faire passer du chaos à un ordre organisé, de donner une forme structurée. Il semble que le travail de construction relève de l’assemblage, de la synthèse, de l’élaboration à partir de différents éléments pour former un ensemble cohérent. Le temps entre en jeu pour que la construction aboutisse puisque l’on passe d’un début informelet vague à une fin réalisée et élaborée. Il y a une progression pour que la chose soit construite.

L’amour reste le grand mystère de la Création! Malgré tout ce que l’on a écrit, le mot voile plus qu’il ne renseigne. Il semble que seule l’expérience puisse apporter une once de vérité à son sujet et encore, cela se donne différemment pour chacun…
On reconnaît généralement qu’il est unsentiment que l’on éprouve vers quelqu’un ou quelque chose, que cela nous tire vers l’objet d’amour. On se tourne donc vers, on cherche à s’en rapprocher, à s’y unir afin de jouir de cette proximité, au mieux de cette union avec lui. Comme si seul le rapprochement dans l’unité pouvait calmer la frustration que le manque produit. A cet égard, l’amour peut se qualifier comme magnétisme et forced’attraction qui lie, relie et pousse à se coller à l’objet aimé pour le posséder. Poussé à l’extrême c’est la fusion qui annihile toute distinction entre les deux objets unis, intimement soudés par la vertu de l’amour. Dans cette relation fusionnelle, le partage est complet, direct, immédiat, la distance n’existe plus. Le deux se consomme finalement dans l’un. Ce nouvel élément qui réunit les deux est-ilun tiers nouveau qui serait la création particulière de l’amour? Et en dérivant un peut le sujet, on peut poser la question de savoir si, à défaut d’être construit, l’amour construit quelque chose ?

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Le sujet nous invite cependant à l’analyse objectivante de ce que la réunion de deux individus -nous gardons pour notre réflexion l’amour dans ce cadre- ne relève pas du hasardni de Cupidon… Des études -sociologiques, psychologiques, biochimiques- mais aussi des points de vue spirituels et énergétiques démontrent que le sentiment d’amour qui crée les couples n’est pas anodin. Des paramètres déterminants, souvent inconscients, entrent en compte pour que l’union puisse se faire et se construire. Cette déconstruction du modèle romantique, de la force du désir et de lamagie de l’amour relativise et assèche le phénomène amoureux. Et sans nier la part de mystère derrière l’amour, il faut objectivement aussi apprécier les éléments qui y concourent.

Les statistiques indiquent des facteurs déterminants pour que l’amour et sa construction soit possible. La sociologie s’intéresse au fait que les gens s’unissent surtout par classe, milieu, intérêt, repoduisant ainsileur structure et préservant leurs acquis. Avec la Distinction de Bourdieux, on apprend que l’on est surtout attiré par quelqu’un qui ne produit pas de dégoût en nous, suite à un ensemble de facteurs culturellement intégrés qui nous sont agréables et que l’on supporte. Cette communauté de goût permet le rapprochement tandis que la différence en constitue une limite, qui nous rattrape souventrapidement. Le goût, et les valeurs qui gravitent autour, est construit socialement et vécu inconsciemment. Il balise notre univers et notre perception du monde, permettant de remarquer que finalement, la mixité est relativement faible et que les déterminismes structurent fortement nos choix.

La biochimie enfonce le clou en matérialisant biologiquement l’amour comme un processus intérieur chimique.Tandis que la psychanalyse parle de pulsions sexuelles, les scientifiques nous décrivent un jeu d’hormones qui nous éveillent à un partenaire, qui nous mettent sur un petit nuage pendant une période donnée afin que dans ce laps de temps, la vie puisse conduire le couple aveuglé par l’amour à procréer. La passion dure donc trois ans sous forme de dopamines et d’endorphines sécrétées, véhiculés…