L’art de la guerre

Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits »

Sun Tzu

L’ART DE LA GUERRE
Les Treize Articles

traduit par le père Amiot

Table des matières Article I De l’évaluation ……………………………………………………3 Article II De l’engagement ………………………………………………..8 Article III Des propositions de la victoire et de la défaite…… 12Article IV De la mesure dans la disposition des moyens …… 20 Article V De la contenance………………………………………………26 Article VI Du plein et du vide …………………………………………. 31 Article VII De l’affrontement direct et indirect………………….39 Article VIII Des neuf changements ………………………………….47 Article IX De ladistribution des moyens …………………………. 55 Article X De la topologie …………………………………………………65 Article XI Des neufs sortes de terrain ………………………………74 Article XII De l’art d’attaquer par le feu………………………….. 90 Article XIII De la concorde et de la discorde …………………….94 À propos de cette éditionélectronique…………………………… 101

Article I De l’évaluation
Sun Tzu dit : La guerre est d’une importance vitale pour l’État. C’est le domaine de la vie et de la mort : la conservation ou la perte de l’empire en dépendent ; il est impérieux de le bien régler. Ne pas faire de sérieuses réflexions sur ce qui le concerne, c’est faire preuve d’une coupable indifférence pour laconservation ou pour la perte de ce qu’on a de plus cher, et c’est ce qu’on ne doit pas trouver parmi nous. Cinq choses principales doivent faire l’objet de nos continuelles méditations et de tous nos soins, comme le font ces grands artistes qui, lorsqu’ils entreprennent quelque chefd’œuvre, ont toujours présent à l’esprit le but qu’ils se proposent, mettent à profit tout ce qu’ils voient, tout ce qu’ilsentendent, ne négligent rien pour acquérir de nouvelles connaissances et tous les secours qui peuvent les conduire heureusement à leur fin. Si nous voulons que la gloire et les succès accompagnent nos armes, nous ne devons jamais perdre de vue : la doctrine, le temps, l’espace, le commandement, la discipline. La doctrine fait naître l’unité de penser ; elle nous inspire une même manière de vivreet de mourir, et nous rend intrépides et inébranlables dans les malheurs et dans la mort. Si nous connaissons bien le temps, nous n’ignorerons point ces deux grands principes Yin et Yang par lesquels toutes les choses naturelles sont formées et par lesquels les éléments reçoivent leurs différentes modifications ; nous saurons le temps

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de leur union et de leur mutuel concours pour laproduction du froid, du chaud, de la sérénité ou de l’intempérie de l’air. L’espace n’est pas moins digne de notre attention que le temps ; étudions le bien, et nous aurons la connaissance du haut et du bas, du loin comme du près, du large et de l’étroit, de ce qui demeure et de ce qui ne fait que passer. J’entends par commandement, l’équité, l’amour pour ceux en particulier qui nous sont soumis etpour tous les hommes en général ; la science des ressources, le courage et la valeur, la rigueur, telles sont les qualités qui doivent caractériser celui qui est revêtu de la dignité de général ; vertus nécessaires pour l’acquisition desquelles nous ne devons rien négliger : seules elles peuvent nous mettre en état de marcher dignement à la tête des autres. Aux connaissances dont je viens deparler, il faut ajouter celle de la discipline. Posséder l’art de ranger les troupes ; n’ignorer aucune des lois de la subordination et les faire observer à la rigueur ; être instruit des devoirs particuliers de chacun de nos subalternes ; savoir connaître les différents chemins par où on peut arriver à un même terme ; ne pas dédaigner d’entrer dans un détail exact de toutes les choses qui peuvent…