Le pouvoir en mots
LE POUVOIR EN MOTS
Lettre de Feu Kéba Mbaye à son fils Abdoul Mbaye
Publiée au Journal Le Quotidien n°1230 du Samedi 03 Février 2007
Paris le 08 Aout 1982
Mon fils,
Mes félicitations ! QueDieu t’aide à porter ta lourde charge. Qu’il te protège contre le Mal et t’inspire à chaque instant afin que toujours tu suives la voie du Bien.
J’ai confiance.
Néanmoins je ne peux m’empêcher de tedonner quelques conseils en de telles circonstances. D’ailleurs tu en entendras bien d’autres. Il faut en prendre et en laisser. Au Saloum, on dit que quand un Saloum-Saloum te dit : Faa laay Waxal !Méfie-toi Waxal lu la. Bopam lay waxal. Il faut donc écouter tout le monde et prendre ta décision seul.
Je n’attendrai pas aujourd’hui pour te faire une leçon de morale. Tu n’en as jamais eu besoin.Je suis donc sur que tu ne vas pas changer. Mais je vais te livrer quelques remarques. Il ne s’agit guère des fruits d’une réflexion, mais du résultat d’une longue expérience de responsabilités. Jete le sers sans ordre :
-N’aie confiance en personne à commencer par moi.
-Ne fais jamais rien d’important sans en discuter avec ton épouse. Il ne s’agit évidemment pas de faire ce qu’elle te dit,mais de prendre son avis. Prends aussi d’autres avis en ayant toujours en tête que ce que tu dis à un étranger sera répété, et parfois déformé.
-Reste simple. Mais ne soit pas vulgaire.
-UnBanquier est comme un Magistrat : il ne doit pas être accessible à tout venant.
-Soit égal pour tous : tes administrés et tes clients. Soit juste avec eux.
-Garde-toi des sentiments. Ils ne servent àrien dans ton métier.
-Respecte riches et pauvres, puissants et misérables.
-Ne te mets pas en mal avec ceux qui t’ont fait confiance et en tête de qui se trouvent le Président et le PremierMinistre.
-Fais savoir à ceux qui t’ont combattu que tu connais leur position et comprends leur inquiétude. Rassure-les et essaie de les convaincre qu’ils ont eu tort.
-Ne coupe ni de tes amis d’hier,…