Le soin du corps
-91 En contemplant les baigneuses de Renoir, on pourrait penser que celles-ci illustrent à merveille l‘acte de prendre soin de soi: le soin du corps et les jeux plongent la scène dans une bienheureuse insouciance. Cependant après réflexion, il nous est forcé d’admettre que cette déduction reste superficielle: le soin du corps ne peut recouvrir l’étendue de la signification du geste même s’il estlargement sous entendu dans l’expression devenue familière « prends soin de toi ». En effet le soin du corps correspond au soin de soi seulement si le « soi » consiste uniquement en ce qui a attrait au corps, or ici nous omettons l’esprit. En nous appuyant sur l’ouvrage Alcibiade écrit par Platon, le soin du corps est bannit du sens de l’expression étudiée au même titre que le soin des biens,comme d’ailleurs l’explique Socrate à Alcibiade par la phrase « il n’y a rien en nous qui ait d’avantage d’autorité que l’âme » , seul compte le soin de l’âme qui permet à l’homme de s’améliorer. C’est en nous basant sur cette définition et sur le reste de l’écrit de Platon que nous étudierons qu’est-ce que prendre soin de soi mais plus exactement en quoi le fait de prendre soin de soi équilibre unesociété?
Nous verrons ainsi dans un premier temps comment l’ acte en question profite à l’individu par le biais d’une démarche intellectuelle, puis comment il profite de même à autrui par le biais cette fois de l’individu.
Prendre soin de soi passe tout d’abord par la connaissance de soi, on ne peut en effet prendre soin de ce que l’on ne connaît pas. La connaissance de soi entendue ici commela connaissance de son âme doit figurer d’instrument permettant à l’homme d’accéder à la technique de l’amélioration de soi. Nous en convenons donc que se connaître soi même est l’unique condition pour se perfectionner: cherchant ses propres lacunes, il nous sera possible une fois trouvées d’y remédier tandis que se cachant à soi même nos lacunes resteront et seront complétées par d’autres àmesure que l’on persévéra dans l’erreur. Socrate désigne ainsi à Alcibiade l’inscription de Delphes « CONNAIS TOI TOI-MÊME » comme la meilleure façon de vaincre l’ennemi. La connaissance de soi écarte certains dangers et aussi le désarroi de se sentir égaré en soi même: ainsi Alcibiade confronté aux lacunes de son savoir qu’il a jusqu’alors accumulées déclare: « Je finis par craindre de me tromperaussi à monv sujet ». Ne pas se mentir à soi même est la première des conditions du bonheur, au-delà de la vanité et des présomptions, l’homme doit connaître sa véritable valeur si celui-ci veut s’améliorer dans un quelconque domaine.
Prendre soin de soi, c’est aussi et surtout s’imposer comme le guide de nous-mêmes, suggérant ainsi la réfutation de toutes situations de tutelles. En termes desavoir cela suppose que l’homme doit préférer la recherche personnelle aux idées véhiculées par la masse, toutefois le savoir transmis est lui aussi reconnu si l‘enseignant le possède de façon certaine: chercher à s‘améliorer par des chemins sûrs. Ainsi Socrate questionnant Alcibiade confronte celui-ci au fait qu’un savoir ne peut résulter que d’une recherche personnelle ou bien d’un enseignement sûret non pas de la masse: « Tu ne te réfugies pas auprès de maîtres sérieux en te référant au grand nombre ». S’assurer de la véracité de son savoir consiste au soin de soi car il permet à l’individu de se tenir éloigner des dangers, tenant compte de ce qu’il sait et de ce qu’il ne sait pas à aucun moment il ne s’engagera dans une situation qu’il risquerait de ne pas contrôler. Socrate pourillustrer cet exemple pense à celui qui préférais prendre le gouvernail sans aucune maitrise, plutôt que de se laisser conduire par un pilote et il conclut: « au sujet de ce que tu ne sais pas, tu ne t’égares pas si tu sais que tu ne sais pas ».
Intéressons nous maintenant au fait que la connaissance de soi que nous venons d’établir comme condition du soin de soi, s’accomplit elle-même par la…