Le théatre, lieu de toutes les libertés?

Tout acte de création offre une grande liberté à celui qui la produit. C’est aussi le cas du théâtre, qui a sut traverser le temps en adoptant les styles des époques. Aujourd’hui grâce à l’évolution des techniques, et aux grandes libertés offertes aux metteurs en scène, le théâtre nous séduit par sa démesure. Mais y a-t-il des limites dans ce jeu sans limite ? Nous répondrons à cetteproblématique en deux axes, le premier traitera des libertés admises au théâtre, et le second de ses contraintes.
Cet axe annoncera donc les pièces de références, puis abordera la liberté du metteur en scène et des acteurs au théâtre. Notre théâtre du XXème siècle, ou «Théâtre de l’Absurde » comme il fut désigné par l’écrivainMartin Esslin en 1962, devient l’espace où tout est possible, un jeu d’acteurs sans limite, qui met en scène l’absurdité de l’Homme et de la vie. Il devient alors le lieu de la démesure, où l’auteur met toute sa fantaisie au sein de son œuvre. Les auteurs tels qu’Eugène Ionesco, Martin Crimp et Noëlle Renaude, illustrent parfaitement les libertés du théâtre. Avec La Cantatrice Chauve, Ionescopousse la dérision à son paroxysme, et surprend par le nom sens des dialogues, qui dénoncent pourtant le ridicule des bourgeois et la superficialité du monde. Dans Atteintes à sa vie, Crimp nous propose une suite de dix-sept scénarios dressant le portrait d’un personnage absent, à l’aide de dialogues rythmés dénonçant violemment notre société contemporaine, ainsi tout se passe dans le dialogue, avecun anonymat englobant même les personnages. Enfin avec sa pièce : Ceux qui partent à l’Aventure, Noëlle Renaude nous plonge dans la confusion la plus totale, avec un jeu de piste des personnages qui coupent, reprennent, ponctuent, et dérobent des phrases à l’image de « l’Homme en morceaux » que nous sommes devenu, bousculant ainsi les conventions de l’écriture théâtrale. Mais la liberté théâtralen’est pas propre à l’auteur, elle est aussi permise au metteur en scène, qui du texte fait naitre le spectacle à travers des mises en scènes parfois surprenantes.
C’est le cas de Dom Juan, cette pièce écrite par Molière et représentée pour la première fois le 15 février 1665, a été revisitée par Daniel Mesguich qui a su s’approprier la pièce tout en restant fidèle à Molière. En effet, leschangements opèrent des la première scène, avec le personnage de Sganarelle caché dans le public, faisant ainsi un lien entre ce même public et Dom Juan. La mise en scène comique du dialogue entre Sganarelle et Gusman est accentuée par leurs tenues identiques, et le déplacement des décors opéré devant le public. Le Pauvre est représenté de manière presque inhumaine, fidèlement au scénario il est peuvêtu, mais se déplace et s’exprime ici de manière lente, avec un aspect particulier, comparable à un arbre. Mr Dimanche devient alors juif, et la statue du Commandeur est absente, seule sa voix la laisse deviner. Mesguich pousse encore plus loin le fantastique, avec la chute de cette pièce, qui fait disparaitre Dom Juan sous les draps de son lit, avec ses femmes de pierre qui ont pris vie. Mais ilexiste des exemples de mises en scène similaires, tel que pour les œuvres précédemment énoncées. En effet, l’œuvre de Ionesco mise en scène par Nicolas Bataille, est une pièce follement vivante, bien qu’elle aborde l’ennui d’un couple de bourgeois dans leur routine, passant d’un sujet à l’autre sans liaison, avec des raisonnements parfois futiles accompagnés d’une mise en scène grandiose, etsaugrenue. En effet, le salon est représenté à l’extérieur de la maison sur un gazon bien vert, recouvert d’un chemin de dalles inexistantes devant la porte, que Mme Smith traverse en sautant d’une dalle à l’autre. Le couple d’amis des Smith, les Martin, sont l’amusante copie des Smith, vêtus de la même manière, les deux femmes sont coiffées de même façon avec un petit chapeau, et les deux hommes…