Lecture analytique diderot

Le Supplément au voyage de Bougainville, Diderot.

Introduction
Bio Diderot, Itinéraire littéraire XVIIIème
– 1713 : naissance à Langres, petite bourgeoisie.
– Destiné à la prêtrise : études chez les jésuites, tonsuré à 13 ans
– 1728 : départ de Langres, études à Paris. On sait peu de choses de cette période : vie de bohème, expédients (professeur particulier, nègre). Ilse découvre une passion pour le théâtre
– 1741 : rencontre avec Anne Toinette Champion dont il tombe amoureux : retour à Langres mais son père refuse ce mariage. Il s’échappe et l’épouse secrètement (6 nov. 1743).
– Il doit gagner sa vie plus régulièrement car il a une famille. Il parle anglais donc il fait des trad. On lui propose de traduire la Cyclopedia de Chambers qui devientL’Encyclopédie. Il va diriger, coordonner, écrire, corriger, recruter des auteurs… Il y consacre 20 ans de sa vie.
– Rencontre avec Rousseau et amitié jusqu’en 1758.
– 1745 : vrais débuts de son activité de philosophe
– 1746 : Pensées philosophiques qui alterne quatre points de vue : chrétien/déiste/athée/sceptique : œuvre condamnée
– 1749 : Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient :emprisonnement immédiat à Vincennes.
– 1750-1772 : période très productive : Encyclo+œuvre perso+ vie mondaine
– 1769 : Le Rêve de d’Alembert (dialogue)
– 1757 : Le Fils naturel (pièce)
– 1758 : Le Père de famille (pièce)
– 1760 : La Religieuse
– 1762 : Le neveu de Rameau
– 1765 : Jacques le fataliste
– 1758-1760 : années difficiles, brouille avec d’Alembert, Rousseau. Ilest aidé par sa maîtresse Sophie Volland
– 1772 : Supplément
– 1773 : départ en Russie sur l’invitation de Catherine II de Russie (il lui a vendu sa bibliothèque en 1762). Il part à la recherche de l’idéal du monarque éclairé qu’il ne trouve pas dans la tzarine.
– Mort le 31 juillet 1784.

L’Oeuvre
Supplément au voyage de Bougainville ou Dialogue entre A et B sur l’inconvénientd’attacher des idées morales à certaines actions physiques qui n’en comportent pas
Le livre est un dialogue philosophique :
La référence au livre de Bougainville semble annoncer un récit de voyage, un texte narratif et descriptif. Ce n’est pourtant pas réellement un récit de voyage, comme nous l’indique immédiatement la suite du titre : « dialogue entre A et B » précise le genre de ce texte, pour le moinsincompatible avec celui du récit de voyage. Tout le Supplément consiste en effet en une suite de dialogues enchâssés les uns dans les autres : ce genre très prisé par les philosophes du XVIII° et par Diderot en particulier replace l’ouvrage dans une veine réflexive et polémique très éloignée du récit de voyage.
Le dialogue philosophique :
Forme ancienne dès l’origine de la philosophie :cf. dialogues de Platon.
Forme employée au XVIIIème : Supplément au voyage de Bougainville
Le choix du dialogue est philosophiquement fondé, en effet, l’homme est, pour les philosophes, 1 être sociable qui existe dans la relation à autrui. Le dialogue donne l’illusion de la communication, donne l’illusion de l’échange et donc d’une construction de l’individu par l’échange. Cette techniquepermet de déguiser une réflexion qui passerait moins bien sous la plume sèche de l’essai ; dans le livre A et B discutent du livre de Bougainville et de ses idées.
Par ailleurs, ce choix permet de briser le tour monologique du discours, d’introduire une pluralité des sentiments, des points de vue et ainsi d’inciter le lecteur à prendre position, à s’interroger.

Les thèmes du livre
L’attentedu lecteur qui ouvre un récit de voyage est liée aux détails exotiques, aux curiosités, aux descriptions bigarrées, à tout ce qui est différent de la société européenne. Ce genre est très à la mode dans un XVIII° siècle, avide de découvertes et de connaissances. Le lecteur semble préparé à recevoir différents clichés de l’exotisme.
Or le thème est lui-même plus philosophique qu’exotique :…