L’éducation sentimentale
L’Éducation sentimentale
Édition de 1870.
Auteur Gustave Flaubert
Genre Roman
Pays d’origine France
Lieu de parution Paris
Éditeur Nelson
Date de parution 17 novembre 1869
L’Éducation sentimentale, histoire d’un jeune homme est un roman écrit par Gustave Flaubert, et publié le 17 novembre 1869 chez Nelson.
Genèse
Le cœur du récit est tiré du roman de Sainte-Beuve : Volupté,qu’Honoré de Balzac avait déjà traité et d’une certaine manière réécrit avec le Lys dans la vallée. Le roman de Flaubert reprend le même sujet1 selon des règles narratives entièrement neuves, réinventant le roman d’apprentissage pour lui donner une profondeur et une acuité jamais atteinte. Malgré une critique négative lors de sa parution, il est devenu, depuis Proust, un livre de référence pour lesromanciers du xxe siècle.
L’Éducation sentimentale est le fruit de trois essais que Flaubert avait écrits dans sa jeunesse. Ainsi de janvier 1843 à janvier 1845 il produit une première Éducation sentimentale qui succédait à la rédaction de Novembre, achevé le 25 octobre 1842, et à une toute première ébauche de jeunesse intitulée Mémoires d’un fou en 18382. Le roman définitif est rédigé à partir deseptembre 1864 et achevé le 16 mai 1869 au matin.
Présentation
L’Éducation Sentimentale comporte de nombreux éléments autobiographiques, tels la rencontre de Madame Arnoux, inspirée de la rencontre de Flaubert avec Élisa Schlésinger, l’amour de sa vie2. Il a pour personnage principal Frédéric Moreau, jeune provincial de dix-huit ans venant faire ses études à Paris. De 1840 à 1867, celui-ciconnaîtra l’amitié indéfectible et la force de la bêtise, l’art, la politique, les révolutions d’un monde qui hésite entre la monarchie, la république et l’empire. Plusieurs femmes [Rosanette, Mme Dambreuse] traversent son existence, mais aucune ne peut se comparer à Marie Arnoux, épouse d’un riche marchand d’art, dont il est éperdument amoureux. C’est au contact de cette passion inactive et descontingences du monde qu’il fera son éducation sentimentale, qui se résumera pour l’essentiel à brûler, peu à peu, ses illusions.
Le personnage de Frédéric, sans doute inspiré à Flaubert, pour une bonne part, par ses propres expériences de jeunesse, est aussi la figure définitive d’une génération nourrie par le courant d’idées romantique le plus large. Ainsi, en même temps qu’il exalte la pureté de sonamour pour Madame Arnoux, celle-ci empêche Frédéric de choisir la moindre situation dans une société, celle du Second Empire, qui mise beaucoup sur la carrière et l’idée de parvenir. En cela, Frédéric est ce que Marthe Robert a nommé le « Bâtard moyen »3, plein de rêves qui le détournent de l’action, en opposition avec le Bâtard de l’époque de Napoléon, où conquérir le pouvoir était à la portée detoute volonté, immortalisé par Balzac avec le personnage de Rastignac.
Les différents personnages que côtoie Frédéric sont eux aussi autant de types d’un genre nouveau, représentant chacun les idées reçues d’un milieu bien défini et agissant en fonction des codes stéréotypés qui sont ceux de leur classe. On trouve ainsi le bourgeois parvenu en Jacques Arnoux, la bourgeoisie d’affaires avec leménage Dambreuse, le petit bourgeois rêvant de pouvoir dans le personnage de Deslauriers, ami de collège de Frédéric, la courtisane avec Rosanette… Cette diversité permet la peinture d’un monde entier, celui de la fin de la Monarchie de Juillet à Paris. En cela, on peut voir ce roman, ainsi que l’a fait Pierre Bourdieu, comme un champ d’expérimentation sociologique4. C’est aussi ce point de vue quipermet de placer Flaubert comme l’un des phares du réalisme.
Justement parce qu’il cherche à pointer les idées toutes faites de chaque milieu, L’éducation sentimentale est aussi d’un bout à l’autre traversé par l’ironie : le narrateur se refuse à intervenir directement, et se borne à chercher la connivence avec le lecteur, par de discrètes allusions à un cliché, ou grâce au style indirect…