L’enfant, jules vallès

L’enfant, Jules Vallès 1879

Jules Vallès est d’abord un journaliste d’opposition républicaine au Second Empire, un engagement qui l’amène à participer à la commun de Paris en 1871. Il est proscrit, exilé en Angleterre pendant 10ans et c’est durant cet exil, qu’il donne vie à ses œuvres : L’Enfant, le Bachelier et L’Insurgé, une fresque du portrait cruel de l’enfance sous la restaurationjusqu’à la chute du Second Empire ou l’enfant martyr deviendra un insurgé pour se libérer de toutes ces rancunes. Par le biais du roman autobiographique, c’est le portrait de toute une génération sacrifiée à laquelle il veut rendre hommage, mais c’est aussi la condamnation des mauvais traitements que subissent les enfants, devenant miroir d’une société « mal faite ».
Dans le chapitre 17, la familleVingtras à quitté St Etienne pour Nantes ou le père est nommé professeur et le lecteur fait la connaissance de nouveaux voisins, les Bergouniard et surtout de leur petite Louisette un personnage emblématique. Il faut noter qu’à la différence de Zola ici la petite martyr est la fille d’un professeur de philosophie.
Nous verrons dans l’axe 1 « Portrait d’un enfant martyr » et 2 « Le regard adulte quitransforme le fait divers en réquisitoire».

I.Portrait d’un enfant martyr

Elle s’appelle Louisette, ce qui signifie petite Louise et va mourir a 10 ans (l.41), c’est un ange (l.47) ce qui l’oppose au portrait de son frère juste avant l’extrait, une petite brute que n’aime guère le narrateur. Notre narrateur est lui-même très différent de Louisette, il revendique sa rébellion, son endurcissement(entre l.10 et 15), son exceptionnelle condition physique, (l.15) « J’étais un homme ». C’est donc la 1ere fois que le narrateur a fait le portrait d’une petite fille, très pathétique et mis en valeur par une ponctuation très forte et les structures exclamatives de l’énonciation dès la ligne 1. De plus le narrateur utilise « mignonne » (l.20) accentué par le terme enfantin ‘ »menotte » et par le styledirect l.23 « mal, mal ! Papa, papa ! » On note les répétitions pour exprimer plus directement la douleur qui empêche la petite de faire des phrases. Tout est fait pour soulever l’indignation du lecteur fasse à cette injustice : Battre une petite fille et une innocente qu’on pousse à se sentir coupable « pardon » (l.20) On remarque encore les structures qui double les mots pour mieux souligner lemartyr, mais en dehors d’exister, Louisette n’a rien à se faire pardonner et comme un condamné à mort « demandait grâce en vain » (l.45) La question oratoire interpelle d’ailleurs le lecteur (l.10) Réduite à l’état d’objet, de jouer cassé, vandalisé, Louisette à la gorge cassée (l.33) et la poitrine crevée (l.34) Préparant ainsi la scène de la mise à mort, elle est à terre (l.36) le visage tout blanc, lesanglot ne pouvant plus sortir comme si elle était déjà un cadavre. A la ligne 37, il y a le mot « convulsion », clinique, qui évoque la maladie ici appelée « Le Père ». Or justement Louisette est devenu l’objet de défouloir pour ce père « froid & blême » (l.38) mais la petite, elle avant d’agoniser à déjà basculée dans la folie (l.24) « elle criait comme une ouf » (l.29) « folle de peur » (l.36) »convulsion de terreur » et (l.46) « son brin de raison tremblait ». De la torture découle la mort inéluctable, dans une temporalité flou, on ne sait pas combien de temps à durer ce martyr, sinon que (l.2)  » elle était restée chez une tante « au pays » et même peut être depuis sa naissance. On suggère que c’est déjà une enfant mal-aimée que les Bergouniards ne l’on reprit que parce que la tante est morte :(l.3) « on a Renvoyé » l’enfant qui souligne la condition des enfants dont personne ne veut. C’est dans la suite du chapitre que le narrateur précise qu’au bout de quelque temps, elle ressemble à un chien battu.
De l’exemple de cette petite fille qui meurt sous nos yeux, le narrateur à tiré des certitudes, des convictions, acquises aussi par sa propre condition d’enfant battu et humilié : la…