Les apports baroques
LA MUSIQUE BAROQUE
Entre 1580 et 1750, un mouvement dominant de sensibilité va déferler sur l’Europe. Les Arts vont cesser de vouloir représenter un instant précis, mais désirent annexer le mouvement et le temps. On va préférer ce qui s’envole, ce qui fuit, ce qui coule.
L’art de la renaissance faisait apparaître des corps, des paysages, des visages saisis dans un instant exquis et destinésà rester durant l’éternité dans le dévoilement de leur beauté. L’art de la renaissance ignorait le temps.
Le Baroque commence lorsque la peinture va découvrir le pouvoir dramatique de l’opposition Ombre/Lumière.
LES MOYENS MUSICAUX BAROQUES
La Basse Continue :
A la fin de la renaissance, on commence à distribuer les parties des voix inférieures aux instruments, ce qui va progressivementdonner de l’importance à la voix supérieure, donnant naissance à la monodie accompagnée. L’interprète de la mélodie supérieure doit se plier au sens du texte (stile rappresentativo)
Les parties instrumentales seront peu à peu jouées par la « basse continue » (instrument à clavier tel que le clavecin ou l’orgue + viole de gambe ou violoncelle pour mettre en relief la ligne de basse). Cette bassecontinue réalise un accompagnement à partir d’une ligne de basse chiffrée (les chiffres indiquent quels sont les accords à jouer).
L’importance de la déclamation et le règne de la basse continue constitueront deux des plus importantes caractéristiques du baroque musical.
Les oppositions et contrastes :
Contraste de mouvement, de couleur instrumentale, de masse, d’intensité
De là va naître lestyle concertant (dialogue), l’écho (phénomène naturel que l’on retrouve en musique sous la forme d’imitations entre les voix, par exemple dans les canons, les fugues)
L’ornementation :
L’ornementation sert à montrer au public les qualités expressives et techniques du musicien, mais ce phénomène vise avant tout à la suspension temporelle (improvisation sur un point d’orgue, cadences, vocalises,tremblements et vibrations…). Ornementer, c’est agrémenter avec des notes supplémentaires une ligne mélodique simple à la base pour accentuer le sens des mots et de la phrase.
On retrouve cet effet en danse car la déclamation s’accompagnait de temps d’arrêts dans une attitude figée (mouvement suspendu = temps suspendu) pour accentuer une expression particulière. En architecture, on pourraitrapprocher cela de l’utilisation des colonnes torsadées, des escaliers en spirale, des décors en trompe l’œil.
L’intérêt pour les voix hors norme :
Les voix aiguës sont très appréciées. L’église lève l’interdiction faite aux femmes de se produire au théâtre en 1671 mais le préjugé contre elles persistera longtemps. Aussi, les castrats, les contraténors, seront adulés. La réputation de certainsinterprètes est telle que les compositeurs sont parfois obligés de modifier les airs selon leurs désirs.
Musique et mouvement :
En dehors du geste (mime, danse etc…) qui accompagne souvent toute interprétation musicale, les musiciens Baroques aiment ce qui fuit, qui coule, qui bouge.
Cela se traduira par une forte utilisation des imitations, et des formes dans lesquelles les voix (ouinstruments) se répondent, se fuient : canon, fugue…
Musique et symbolisme :
Si l’artiste de la renaissance voyait en la musique un art totalement indépendant, soumis à ses propres lois, le musicien baroque voit en la musique un art soumis au mot. La musique se doit de représenter quelque chose d’extra-musical.
Il s’agit donc de traduire par les sons une émotion suggérée par les mots, puis dereprésenter cette émotion, c’est à dire la jouer. La musique va tenter de décrire les émois successifs et les passions extrêmes de l’âme. On appellera aussi cette tendance « seconda prattica », style représentatif, figuralisme, peinture en musique, madrigalisme, autant de termes qui signifient que la musique est un langage sonore.
Quelques exemples concrets :
– Les notes aiguës représenteront le…