Les châtiments comme poème du crime
Les Châtiments se donnent pour tâche de dénoncer deux crimes : le dix-huit Brumaire et le coup d’État du deux décembre commis par Louis-Napoléon Bonaparte – le second crime étant la suite du premier(cf. l’Expiation et Fable ou histoire)
Le dix-huit Brumaire est un crime contre la France car Bonaparte a pris le pouvoir par la violence. Le 2 décembre est un crime à cause de la violence desrépressions (Souvenir de la Nuit du 4, II, 3 ; Pauline Roland, V, 11), parce que Louis Bonaparte est parjure (il avait juré fidélité à la Deuxième République) et parce qu’il viole les lois de la République(cf. Nox).
Les Châtiments sont des poèmes de la dénonciation du crime. La parole poétique dénonce le crime en parlant. L’acte de verbalisation est dénonciation. (cf. Ultima Verba : même les dernièresparoles du Poète seront dénonciation et attaque contre Louis Bonaparte).
La parole poétique devient parole du peuple : Hugo parle par exemple pour la grand-mère dont le petit-fils a été tué (Souvenirde la Nuit du 4). La parole poétique parle aussi pour le Peuple, pour lui redonner courage même dans les épreuves (cf. eschatologie de Lux).
Le Poète peut châtier par évocation des faits réels maisréélaborés par la parole poétique (cf. l’Expiation, V, 13: les faits historiques deviennent épopée grandiose où le merveilleux intervient).
Le poète peut manier des tons variés : l’épopée (cf.l’Expiation où Hugo met en scène une véritable épopée de la chute de Napoléon Ier), la satire et l’ironie voire une véritable épopée du grotesque, une épopée « à l’envers » (cf. l’Expiation et Splendeurs,III, 8 : Louis Bonaparte est un nain malhonnête qui tente d’utiliser la gloire de son oncle à ses fins propres), le poète peut recourir à l’émotion (Souvenirs de la Nuit du 4, Pauline Roland), à lacolère et à l’emportement (cf. A l’obéissance passive, II, 7 et les derniers vers de Nox).
Le poète peut manier des formes variées : la Chanson, le dialogue imaginaire (Le Bord de la Mer, III, 15),…