Les femmes dans la résistance
Moins nombreuses que les hommes, les femmes représentent 15 à 20 % des résistants et environ 15 % des déportés politiques.
Elles sont généralement cantonnées à des rôles subalternes. Lucie Aubrac,résistante emblématique, n’a en fait jamais eu de rôle défini dans la hiérarchie du mouvement Libération-Sud. Hélène Viannay, encore plus diplômée que son mari Philippe Viannay, le fondateur deDéfense de la France, n’écrit jamais un seul article pour le journal clandestin du même nom, pas plus que les autres compagnes des chefs de DF, alors qu’elles assistent à toutes les réunions de rédaction.En revanche, Suzanne Buisson, cofondatrice du Comité d’action socialiste (CAS) en est la trésorière jusqu’à son arrestation. Une seule femme, Marie-Madeleine Fourcade, est chef de réseau (en faisantcroire aux Britanniques que le vrai chef d’Alliance est un homme). Aucune n’est chef d’un mouvement, d’un maquis ou d’un Comité de Libération, ni commissaire de la République ou ministre à laLibération.
Seule une minorité très restreinte prend part à la lutte armée. Alors que les femmes sont des figures typiques, redoutées et assez nombreuses dans les mouvements de partisans en Italie, en Grèce,en Yougoslavie et en URSS occupées, elles sont la portion congrue dans les maquis de France – peut-être – parce qu’elles ne sont pas soumises au STO et n’ont pas besoin de le fuir.
Les femmesorganisent des manifestations de ménagères dès 1940, sont actives dans les comités populaires du PCF clandestin, omniprésentes dans les encouragements et l’aide matérielle aux grévistes (ainsi dans leNord-Pas-de-Calais en mai 1941) ainsi qu’aux réfractaires des maquis[18]. Elles sont indispensables comme dactylos, et surtout comme agents de liaison – en partie parce que les Allemands se méfiaientmoins des femmes, et que les innombrables contrôles d’identité dirigés contre les réfractaires au STO ne les concernent pas. Olivier Wieviorka souligne que la stratégie des mouvements était souvent,…