Les Obsèques de la Lionne de Jean de La Fontaine

A partir de la problématique suivante : « Comment le fabuliste déguise-t-il les cibles de sa critique ? »

I. Cette fable sur le thème de l’hypocrisie à la Cour l’expose sous l’aspect d’une comédie.
II. Mais la gravité du propos perce dans cette comédie.
III. En fin de compte, on s’aperçoit que La Fontaine nous propose ici une visionpessimiste et amère de la vie en société.

I UNE COMEDIE EXPRESSIVE ET VIVANTE

1. Une comédie vivante en trois actes

a. L’enchaînement des trois actes.

Le récit rappelle l’organisation d’une comédie :
1) Le premier acte
La mort de la Lionne (v 1) « La femme du Lion mourut » ( rapide en un seul vers
Les condoléances (v 2 au v 5), « aussitôt » « accourut » ( servilité descourtisans
La préparation de la cérémonie (v 6 à v10) « avertir sa province » ( influence du roi, vérifier sa popularité auprès des courtisans.
La cérémonie (v 11 au v 16) « aux cris s’abandonna » ( le Lion joue la comédie

2) Le deuxième acte
Le coup de théâtre, l’élément perturbateur (v 25 au v 27) « Le Cerf ne pleura point » ( offense au Lion
Les conséquences « un flatteur l’alla dire » (calomnie
« La colère du Roi » (v 30 au v 32) ( cruauté du Roi
Le discours du Roi, sa réponse ( satire du Roi

3) Le troisième acte
Cérémonie d’ « Apothéose » (v 44 au v 49) pour la Reine ( la Reine est une divinité, le narrateur la fait parler, le Roi devient presque un Dieu.
Elément de résolution, les courtisans arrêtent de pleurer, de jouer la comédie ( hypocrisie des courtisans.
Dénouement« bien loin d’être puni » ( hypocrisie du cerf mais pour sauver sa peau alors ce n’est pas grave

b. La disproportion des éléments narratifs et leur composition alternée.

La situation initiale et les péripéties sont très bien détaillées, longues (v 1 au v 49) [pic] à l’élément de résolution et à la situation finale qui sont nettement plus courts (v 49 au v 51).
Aux différentes étapesdu récit s’ajoutent les commentaires du narrateur (v 17 au v 23) et la morale (v 52 au v 55). « Pour revenir à notre affaire » ( met en valeur son commentaire, le souligne.
? Cette disposition rappelle le but de la fable : la satire des courtisans de leur maitre. La brièveté de la situation finale montre la facilité à convaincre le roi.

c. L’affrontement entre deux personnages.

Deuxprotagonistes : le Lion et le Cerf. Ils s’affrontent verbalement du v 33 au v 49.
Tout d’abord le Lion montre sa supériorité sur le Cerf : « Chétif », « Nos sacrés ongles » ( divinité, l’égal d’un dieu. L’utilisation de « ongles » pour les griffes du lion enlève l’animalité du Lion.
Puis la réponse du Cerf, nous voyons toujours le rapport de supériorité du Lion « Votre digne moitié », celapermet également de flatter le Lion.

2. L’usage de la figure animale :

a. les personnages : La Fontaine exploite leurs caractères traditionnels et leurs particularités.

Les fables exploitent les caractères que la société a attribués au fil du temps à différents animaux, ici :
– Le Lion : le roi de la jungle, supériorité, respect envers lui. Chacun doit penser comme lui, avoir lesmêmes sentiments (pleurer la mort de la Reine) ( Roi impitoyable, cruel « terrible » (v 31)
– Le Cerf : homme du peuple, courtisan qui fait preuve d’agilité

b. Le thème de l’imitation :

La référence au singe et au caméléon met en valeur la soumission des courtisans au « maître » (v 21) ainsi le peuple se soumet par l’imitation des moindre faits et geste du Roi. Ceci est marqué par unephrase nominale au v 21, le rythme est marqué par la répétition de « peuple » deux fois. Aux vers 15 et 16, l’imitation est de nouveau présente « rugir en patois » (v 16) (le Lion rugit, en signe de puissance, seul lui en est capable).

Mais à travers cette comédie se cache un propos bien plus sérieux et grave.

II LA GRAVITE DU PROPOS :

1. L’implication du narrateur et de l’auteur : ce…