Lettres persanes commentaire lettre 24
Lettres Persanes, Montesquieu
Commentaire de la lettre XXIV
De « Ne crois pas que je puisse… » l.27
A «…c’est proprement leur Alcoran. » l.70
Les Lettres Persanes est un roman épistolaire écrit en 1721 par Montesquieu, mais qui parut dans un premier temps de manière anonyme à Amsterdam.
Usbek et Rica sont deux persans ayant quitté la Perse pour se rendre à Paris. Durant le roman ils ydécouvrent les parisiens, la politique, leur religion, qu’ils critiqueront dans des lettres destinées à leurs amis.
Montesquieu se sert du roman épistolaire afin de critiquer la société tout en tentant d’éviter la censure.
Dans la lettre 24, Rica écrit à Ibben. C’est la première lettre écrite depuis la capitale (les précédentes racontent le voyage les menant à Paris).
On voit dans cettelettre la hiérarchie des intentions de Montesquieu puisque dès la première lettre Rica porte un regard critique sur la pratique du pouvoir exercé par Louis 14 et par le Pape. Dans cette lettre nous avons un double portrait rapprochant le pape et le roi, car tous deux sont des illusionnistes. Le but de Montesquieu est la démystification, il veut montrer qui sont réellement ces deux personnages.Comment Montesquieu met-il en place une critique du pouvoir royal et du pouvoir du Pape à travers cette lettre ?
1/ Roi et Pape, deux imposteurs
a) Le roi magicien
• Champ lexical du divin, du mystique
« Le plus puissant », « ses sujets », « ce roi est un grand magicien », « il exerce son empire sur l’esprit »…
• Montesquieu veut montrer que l’autorité du roi est une imposture :
« Ilva même jusqu’à leur faire croire »… Il les manipule : « Il exerce son empire même sur l’esprit de ses sujets ».
• Rica veut nous montrer que ce roi est un magicien grâce à « Il les fait penser comme il veut », « leur mettre dans la tête », « il n’a qu’à leur persuader ». Aspect magique, le roi fait ce qu’il veut, il devient un sorcier qui effectue des prodiges.
• Répétition de « s’il n’a[…] et qu’il […] il n’à qu’à […] et ils», qui accentue le côté magique, la facilité qu’a le roi à imposer leur façon de penser aux sujets.
b) Le pape magicien
• Montesquieu insiste sur le fait que le pape soit un magicien : « un autre magicien », « ce magicien ».
• Montesquieu dénonce une hiérarchie dans la manipulation : Le pape manipule le roi qui manipule les sujets : » Il y a unautre magicien, plus fort que lui »
• Montesquieu à travers Rica remet en cause deux dogmes de la religion chrétienne grâce à l’utilisation de « croire ». Le premier est la trinité : « Tantôt il lui faire croire que trois ne sont qu’un ». Le second, c’est l’eucharistie qui opère la transsubstantiation (la conversion d’une substance en une autre). « Que le pain qu’on mange n’est pas du pain, ouque le vin qu’on boit n’est pas du vin, et mille autres choses de cette espèce » : encore une fois grâce au verbe croire (en début de phrase), M. se moque de ce dogme. On peut également voir qu’il s’en moque grâce à l’hyperbole « et mille autres choses ».
? Dans cette dernière partie Montesquieu vise les rites religieux. C’est pour lui l’occasion de manifester son déisme (il croit en Dieu maispas en la religion).
2/ Une critique du despotisme
a) Deux tyrans
Le despotisme est une forme de gouvernement où l’autorité est exercée par un individu qui règne avec un pouvoir politique absolu, et de manière abusive au regard des lois.
• Le pouvoir du roi est ici un pouvoir absolu, désigné par des superlatifs de supériorité tels que « le plus puissant », « il a plus de […] que ».Rica parle également d’ « empire ».
• Son pouvoir se traduit également par une manipulation de ses « sujets ». « Il exerce son empire sur l’esprit même de ses sujets », « tant est grande la force et la puissance qu’il a sur les esprits », « et donna l’exemple à ses sujets ». Il se sert de la naïveté des gens afin de leur soumettre ses idées.
• Mais Rica, et par conséquent Montesquieu,…