L’identité personnelle ( locke, essai sur l’entendement humain 1694)

L’identité personnelle ( Locke, Essai sur l’entendement humain 1694)

Introduction
Ce texte de Locke traite de la notion de personne, qu’il met en rapport avec deux autres notions centrales : celles de conscience, et d’identité personnelle. Quand on s’interroge sur cette notion d’identité personnelle, on veut savoir ce qui peut bien fonder la conscience qu’a un être humain d’être, d’un boutà l’autre de sa vie, la même personne, d’être, pour reprendre les termes du texte, « le même que soi », d’être un « soi-même ». Qu’est-ce qui fonde l’identité personnelle et donc la personne ? A cette question, Locke répond : la conscience suffit à elle seule à fonder l’identité personnelle et donc la personne elle-même. Ce qui veut dire que la personne ne suppose pas un « être » caché au-delà desapparences, comme par exemple une âme, qui servirait à unifier tout ce qui nous modifie au cours de notre existence .?Il démontre sa thèse en partant dans un premier temps d’une définition très générale de la personne : est une personne un être pensant et donc conscient, et qui se rapporte à lui-même comme étant un seul et même être (lignes 1 à 3). Dans un second temps, il en déduit que parconséquent pour se considérer comme la même personne en différents temps et différents lieux on n’a besoin que de ça : inutile de recourir à quoi que ce soit d’autre « substance » (lignes 3 à 12). Enfin, il pose nettement, en conclusion, sa thèse concernant le fondement de la notion de personne .
I- Qu’est-ce qu’une personne ?
a) Comment la définit-il ? deux idées dans sa définition : il la définitpar la conscience et l’identité personnelle.
Pour Locke une personne est dans un premier temps un être conscient et raisonnable : « être pensant et intelligent, doué de raison et de réflexion » et c’est aussi « pouvoir se considérer soi-même comme soi-même, une même chose pensante en différents temps et lieux » Locke parle ici de la notion d’identité personnelle : se considérer comme un êtreunique, et qui a une unité, notion subjective de l’identité du soi « ipséité », rien à voir avec la notion objective de l’identité comme par exemple avoir un même patrimoine génétique, l’identité sociale, ou même l’identité d’un corps, etc. Tout cela est objectif au sens où ça n’a rien à voir avec un rapport que j’entretiens, de l’intérieur, avec moi-même –mes pensées, mes sensations, etc.
b) Lesens commun du mot de « personne »
La personne est représentée par une conscience, une identité personnelle. Le sens le plus courant du mot personne, dans le registre habituel est du domaine juridique et moral ce qui n’est pas du tout abordé ici par Locke. Normalement, lorsque l’on parle de personne, on entend par là un individu, mais surtout un individu qui est porteur de droits et de devoirs, etqui est considéré comme auteur de ses actes, donc, comme responsable de ce qu’il fait ; Locke se demande donc ce qui peut permettre de fonder cette notion morale et juridique de personne : pour être considéré comme responsable de ses actes, que doit-on supposé être ? quel genre d’être ? (question métaphysique ou plus précisément ontologique).
c) une personne (juridique) est donc nécessairement unêtre doué de raison, conscient de soi, et doté d’une identité personnelle
Maintenant, vous pouvez expliquer les deux caractères essentiels de la personne selon Locke, en mettant en rapport ces caractères avec la notion juridique de personne; vous pouvez passer à ce point explicatif en posant la question suivante : « On comprend maintenant pourquoi Locke va recourir au registre de la conscience,et de l’identité personnelle, pour définir la notion de personne. Ne faut-il pas être conscient de soi, être capable de raison, et pouvoir se considérer comme un seul et même être, pour être une personne ? ».? En effet, pour être responsable moralement et juridiquement, il faut être capable de se rendre compte qu’on agit, de rapporter ce qu’on fait à nous-mêmes. Pour cela il faut aussi être…