L’illusion

Meghouar
L’illusion
Spontanément l’illusion apparait comme une tromperie des sens m’induisant en erreur.Mais cette qualification première apparait très vite trop réductrice Au-delà de ce jeu d’apparence elle se veut projection de mes désirs sur la réalité devenant construction mentale. En ce sens ses effets sont tout autre en plus de l’erreur elle trouve en mon désir la juste mesure pourexister. Non simple conséquence de mes sens, ce produit de mes idées au pouvoir consolateur se veut synonyme d’espoir. Voilà pour l’homme le moyen de s’éloigner d’une réalité concrète pour en rejoindre une autre Puis-je pour autant m’y abandonner au risque de rompre avec la réalité ? Car si l’erreur se réconcilie avec la réalité, l’illusion parce qu’elle me fascine enveloppe mon esprit d’une étoffeopaque au réel. Alors en quoi l’illusion est-elle antinomique ?
Première partie
De mes sens je tire une perception du réel. Je me situe ainsi dans l’espace et trouve dans ce monde les repères qui me permettent d’y exister. Seulement lorsqu’ils sont défaillants mes sens me trompent ; ils sont bien à l’origine d’illusion. C’est l’illusion perceptive .Ainsi l’illusion est une transformation duréel qui émane de ma personne indépendamment de ma volonté et diffère selon des déterminismes particuliers. En ce sens, elle est mienne rattachée à mon individualité et ne sera pas nécessairement partagée . Hormis l’illusion engendrée par mes sens il en est une autre à l’approche ambivalente que le sujet conscient adopte envers la réalité. Fondée sur mon désir, elle se veut construction mentale.Ainsi sa condition première est celle de représentation. De fait elle s’oppose à toute objectivité. Laissé porté par mes désirs je choisis de me diriger vers une réalité toute autre : la leur. Elle pousse mon espérance à son paroxysme : la possibilité que mes désirs se réalisent m’encourage à trancher en sa faveur. Je préfère mes désirs aux intérêts rationnels me rattachant à une réalité véritable.Alors l’illusion apporte à celui qu’elle berce une raison de persévérer dans ce monde. Mère de ces espoirs voila ce qui reste à l’Homme soumis au mouvement de l’existence : c’est que l’illusion lui offre une certaine constance à travers ces désirs. Voilà ce que j’aspire à être moi l’être dans la contingence de l’existence. Elle donne du sens à mon existence en en donnant à mes désirs. Elle luipermet d’échapper à un sentiment de déréliction d’où son messianisme. L’illusion est principe donateur de sens à mon existence en me signifiant que je poursuis une vérité celle de mes désirs. Je ne vis plus pour moi mais pour elle, pour la voir se réaliser. Voilà ma raison de vivre. Elle et moi sommes liés par la corde de mes désirs. L’illusion sauve ainsi mon existence du non sens et du sentimentd’abandon. L’attente de sa réalisation devient alors supportable. L’illusion par sa dimension de non savoir est bien source de mon bonheur. Ainsi dans la pièce de Beckett En attendant Godo Vladimir et Estragon échappent à lasouffrance en espérant l’arrivée leur raison d’exister. L’illusion peut dont être perçu comme un remède sédatif, guérisseur me protégeant du pathos. Finalement parce que l’Hommeest un être soumis à l’insatiabilité de ses désirs, l’illusion lui est consubstantielle. Mais telle que Freud la définit, son ontologie est ambivalente. Si elle peut parfois se réconcilier avec la réalité elle peut à la fois prendre définitivement ses distances avec elle. La voila transformé idée délirante. Se laisser porter par son illusion est donc une entreprise dangereuse et risquée.Deuxième partie
Croire à ses illusions c’est crée un déséquilibre dans son psychisme. C’est donner raison au principe de plaisir qui l’emportera sur le principe de réalité. Ma quête du bonheur sera entravée par mes désirs et empêchera à ma raison d’y ajouté tout sens de la mesure. La réalité ne peut qu’en être abusée : elle devient ma réalité. Mon existence se voit emmuréé dans l’obscur château de…