L’illusion lyrique : 1848
« L’illusion Lyrique ». Expliquez cette expression de Philippe Vigier en analysant l’évolution de la vie politique Française du 22 février au 12 décembre 1848.
La Deuxième République est le régime qui a marqué la véritable fin de la monarchie en France. Philippe Vigier, historien français ayant vécu au XXe siècle, spécialiste du XIXe siècle, écrit de cette république qu’elle s’est fondé surune certaine « illusion lyrique ». Selon lui, les premiers mois de cette période sont caractérises par l’impression générale d’une adhésion enthousiaste et unanime des français à la république et aux principes d’égalité et de fraternité qui ne comptaient peu de temps auparavant que peu de partisans. L’illusion lyrique c’est la république envisagée par une majorité de français comme une grande fêtefraternelle à célébrer avec une ferveur quasi religieuse. L’historien ne fait cependant porter son analyse originale au delà du mois de juin et de ses violences, or, ne peut on pas faire ressortir une étude intéressante de la vie politique Française en analysant sous l’angle de l’illusion lyrique la période allant du début des agitations, le 22 février 1848, jusqu’à l’élection triomphale deLouis-Napoléon Bonaparte, le 10 décembre ? Quelle est donc l’influence de cette illusion sur la vie politique, c’est à dire l’ensemble des fins collectives et comment les mettre en oeuvre, en France, aussi bien dans la métropole que dans les colonies, entre le 22 février et le 10 décembre 1848 ? La seconde république est elle l’annonce d’un changement plus profond et « à long terme » sur la viepolitique Française ? Cette période n’est elle pas finalement une transition entre la monarchie et une période certes conservatrice mais qui marquera de profonds changements ? Il faut donc distinguer les trois phases qui partitionnent cette époque et qui représentent chacune un état de cette illusion lyrique : la première, celle des premières heures des agitations du 22 février au 10 mai, date duremplacement du Gouvernement Provisoire par la commission exécutive, puis une deuxième période, de la tentative de coup de force de gauche du 15 mai à la nomination de Cavaignac au poste de président du conseil le 28 juin, et une dernière période conduisant à l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte. Ainsi, dans un premier temps, le Gouvernement Provisoire et l’illusion lyrique seront étudié sur le planpolitique, puis l’éclatement de cette illusion dans la violence sera traitée avant de conclure par le retour à l’ordre sous le signe du conservatisme.
La période phare de cette recherche d’idéal en politique et dans la société en général coïncide avec les événements révolutionnaires et le pouvoir du Gouvernement Provisoire. On peut toutefois délimiter trois stades : L’apparition rapided’espérances et d’une solidarité parmi les révolutionnaires étendue à toute la société contre le système de la monarchie de juillet durant les trois journées révolutionnaires du 22,23 et 24 février, puis un véritable travail de mise en place des fondamentaux de la « république sociale » du 25 février au 2 mars et enfin la mise en place des élections de la constituante et la fin du Gouvernement Provisoire sousle signe de dissensions du 16 mars au 10 mai.
L’insurrection révolutionnaire du 22, 23 et 24 février, si elle est amenée par une crise politique, a aussi pour origine une crise économique et sociale qui entretient un ressentiment de la plus grande partie des Français contre le régime de Louis-Philippe. Elle est à l’origine d’une certaine fédération des ouvriers, classe émergente, autour d’idéessocialistes et démocratiques, mais aussi d’un refus de plus en plus intense chez la petite et moyenne bourgeoisie du pouvoir en place. C’est cependant la réforme électorale, qui vise à une meilleure représentativité des élus et qui est l’expression de la frustration de ceux qui ne dépassent pas les 200 francs de cens nécessaire pour être électeur, qui va rassembler l’opposition hétérogène….