L’obtention du pardon
Nous avons tellement de mal à envisager de tout pardonner. Nous nous sentons bien capables de le faire mais est-ce sans restriction ? Il s’agit ainsi de voir s’il y a des limites au pardon autrement dit s’il on peut en quelque sorte tracer une frontière entre le pardonnable et l’impardonnable… Néanmoins cette frontière ne peut vraisemblablement être déterminée objectivement car chacun possèdeainsi ses propres « limites ». Il est nécessaire de relever la véritable notion du pardon qui comme toutes les conduites humaines relève d’une certaine ambiguïté, le pardon peut-il avoir un sens et alors exclure toute sorte de mal ?
La réponse s’organisera en trois points.Dans un premier temps, il sera démontrer que dans certaines conditions tout peut être pardonné, néanmoins cet aspect possède des limites qui seront détaillées puis une synthèse de ce sentiment humain clôturera cette dissertation.
Pardonner consiste la plupart du temps à faire face à des sentiments tels que la haine et le désir de vengeance. Pardonner c’est en quelque sorte suspendre lesconséquences d’un acte relevant du mal, c’est alors ouvrir un avenir où tout ne subit pas l’effet naturel d’un passé plus ou moins désastreux… Le pardon ne doit pas ainsi, être confondu avec la simple excuse ; il suppose des offenses d’une grande gravité. On doit alors déterminer de quoi dépend cette faculté, comment l’être humain peut ainsi oublier le mal ? Il semble donc à première vue impossiblede pronostiquer une frontière du pardonnable, de plus bons nombres d’hommes illustrent ces propos en ayant subi le pire et ayant trouvé la force du pardon. L’exemple principal nous est apporté par la religion et les paroles du Christ sur la croix : « Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » évangile selon St Luc chapitre 23 versets 33-34, ceci est donc le mystère du pardon, ilrequiert une véritable dimension psychologique appelée « dimension surnaturelle de la grâce » par Pascal. Demander pardon c’est alors reconnaître sa faute, assumer sa responsabilité dans le mal qui est advenu et vouloir apaiser sa conscience en obtenant, par des actes de contrition, le pardon de celui qu’on a offensé. « La détresse et la déréliction du coupable seules au pardon ». Jankélévitchl’Imprescriptible. Ce qui donne ainsi à certains le fait de savoir pardonner, c’est la foi ; cette dernière impose en quelque sorte le pardon comme devoir aux croyants. Mais le pardon n’est pas le monopole des hommes de foi, on peut le définir comme une capacité morale, une réponse éthique ou religieuse donc, à la morsure du mal. Reconnaître ses erreurs est ainsi une vertu admirable, si admirable qu’ilconvient de douter de sa possibilité universelle…
Il apparaît alors raisonnable de penser que certaines formes de barbarie seraient des défis au pardon de l’homme. Si seule peut pardonner la victime de l’outrage, la mort de la victime rend le crime impardonnable. D’où la formule éloquente de Vladimir Jankélévitch dans l’Imprescriptible en ce qui concerne la Shoah « le Pardon est mort dans lescamps de la mort ». Ce refus du pardon est alors relayé par les récits de Primo Levi qui se refusa au pardon et voulu empêcher l’oubli : « Non, je n’ai pardonné à aucun des coupables, et jamais, ni maintenant ni dans l’avenir, je ne leur pardonnerai, à moins qu’il ne s’agisse de quelqu’un qui ait prouvé – faits à l’appui, et pas avec des mots, ou trop tard – qu’il est aujourd’hui conscient desfautes et des erreurs du fascisme ». Le crime contre l’humanité suscite alors de nombreuses interrogations, la victime de ce crime est, à travers telle ou telle personne, l’humanité elle-même. Le pardon du crime contre l’humanité pose donc problème dans la mesure où, en pardonnant, la victime ne renonce pas seulement à ces droits mais aussi aux droits de tout ceux qui comme elle, sont des…