Lumieres
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renfermés dans l’enceinte de leurs temples, se communiquèrent peu; cela dut augmenter encore le respect qu’on avait pour ces hommes isolés; on s’accoutuma à les regarder comme des favoris desdieux, comme les dépositaires et les interprètes de leurs volontés, comme des médiateurs entre 25 eux et les mortels. Il est doux de dominer sur ses semblables; les prêtres surent mettre à profit lahaute opinion qu’ils avaient fait naître dans l’esprit de leurs concitoyens; ils prétendirent que les dieux se manifes30 taient à eux; ils annoncèrent leurs décrets; ils enseignèrent des dogmes; ilsprescrivirent ce qu’il fallait croire et ce qu’il fallait rejeter; ils fixèrent ce qui plaisait ou déplaisait à la divinité; ils rendirent des oracles; ils prédirent l’avenir à l’homme inquiet 35 etcurieux, ils le firent trembler par la crainte des châtiments dont les dieux irrités menaçaient les téméraires qui oseraient douter de leur mission ou discuter leur doctrine.
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Pour établir plussûrement leur empire, ils prie rent les dieux comme cruels, vindicatifs, impl bles; ils introduisirent des cérémonies, des ini tions, des mystères, dont l’atrocité pût no dans les hommes cette sombremélancolie i rable à l’empire du fanatisme; alors le sang h 45 coula à grands flots sur les autels, les peuples – -jugués par la crainte et enivrés de superstiti ::: crurent jamais payer trop chèrement labie lance céleste; les mères livrèrent d’un œil ec tendres enfants aux flammes dévorantes: d 50 liers de victimes humaines tombèrent sous e teau des sacrificateurs; on se soumit à une tude depratiques et les superstitions le: absurdes achevèrent d’étendre et d’affermir puissance.
Baron d’Holbach, Encyclopédie (1751-1 article « PTê
« Autorité politique»
. « )
Aucun homme n’a reçu de lanature le droit de commander aux autres. La liberté est un présent du ciel, et chaque individu de la même espèce a le droit d’en jouir aussitôt qu’il jouit de la raison. Si la 5 nature a établi…