Makbeth

Macbeth William SHAKESPEARE
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Notice sur Macbeth En l’année 1034, Duncan succéda sur le trône d’Écosse à son grand-père Malcolm. Il tenait son droit de sa mère Béatrix, fille aînée de Malcolm : la cadette, Doada, était mère de Macbeth, qui se trouvait ainsi cousin-germain de Duncan. Le père de Macbeth était Finleg, thane de Glamis, désigné sous le nom de Sinell dans latragédie et dans la chronique de Hollinshed, d’après l’autorité d’Hector Boèce, à qui a été emprunté le récit des événements concernant Duncan et Macbeth. Comme Shakspeare a suivi de point en point la chronique de Hollinshed, les faits contenus dans cette chronique sont nécessaires à rappeler ; ils ont d’ailleurs en eux-mêmes un intérêt véritable. Macbeth s’était rendu célèbre par son courage, et on l’eûtjugé parfaitement digne de régner s’il n’eût été « de sa nature, » dit la chronique, « quelque peu cruel. » Duncan, au contraire, prince peu guerrier, poussait jusqu’à l’excès la douceur et la bonté ; en sorte que si l’on eût pu fondre le caractère des deux cousins et les tempérer l’un par l’autre, on aurait eu, dit la chro-nique. « un digne roi et un excellent capitaine. » Après quelques annéesd’un règne paisible, la faiblesse de Duncan ayant encouragé les malfaiteurs, Banquo, thane de Lo-chaber, chargé de recueillir les revenus du roi, se vit forcé de punir un peu sévèrement (somewhat sharpelie) quelques-uns des plus coupables, ce qui occasionna une révolte. Banquo, dépouillé de tout l’argent qu’il avait reçu, faillit perdre la vie, et ne s’échappa qu’avec peine et couvert deblessures. Aussitôt qu’elles lui permirent de se rendre à la cour, il alla porter plainte à Duncan et il détermina enfin celui-ci à faire sommer les cou-pables de comparaître ; mais ils tuèrent le sergent d’armes qu’on leur avait envoyé et se préparèrent à la défense, excités par Macdowald, le plus considéré d’entre eux, qui, réunissant autour de lui ses parents et ses amis, leur représenta Duncan comme unlâche au cœur faible (taint hearted milksop), plus propre à gouverner des moines qu’à régner sur une nation aussi guerrière que les Écossais. La révolte s’étendit particulièrement sur les îles de l’ouest, d’où une foule de guerriers vinrent dans le Lochaber se ranger autour de Macdowald ; l’espoir du butin attira aussi d’Irlande un grand nombre de Kernes et de Gallouglasses , prêts à suivreMacdowald partout où il voudrait les conduire. Au moyen de ces renforts, Macdowald battit les troupes que le roi avait envoyées à sa rencontre, prit leur chef Malcolm, et, après la bataille, lui fit trancher la tête. Duncan, consterné de ces nouvelles, assembla un conseil où Macbeth lui ayant vivement reproché sa faiblesse et sa lenteur à punir, qui laissaient aux rebelles le temps de s’assembler,offrit cependant de se charger, avec Banquo, de la conduite de la guerre. Son offre ayant été acceptée, le seul bruit de son approche avec de nouvelles troupes effraya tellement les rebelles qu’un grand nombre déserta secrètement ; et Macdowald, ayant essayé avec le reste, de tenir tête à Macbeth, fut

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mis en déroute et forcé de s’enfuir dans un château où il avait renfermé sa femme et sesenfants ; mais, désespérant d’y pouvoir tenir, et dans la crainte des supplices, il se tua, après avoir tué d’abord sa femme et ses enfants. Macbeth entra sans obstacle dans le château, dont les portes étaient demeurées ouvertes. Il n’y trouva plus que le cadavre de Macdowald au milieu de ceux de sa famille ; et la barbarie de ce temps fut révoltée de ce qu’insensible à ce tragique spectacle, Macbethfit couper la tête de Macdowald pour l’envoyer au roi, et attacher le reste du corps à un gibet. Il fit acheter très-cher aux habitants des îles le pardon de leur révolte, ce qui ne l’empêcha pas de faire exécuter tous ceux qu’il put prendre encore dans le Lochaber. Les habitants se récrièrent hautement contre cette violation de la foi promise, et les injures qu’ils proférèrent contre lui, à…