Management culturel
Le management chrétien selon Ernest-Antoine Seillière
Dans l’obscurité bleutée de la salle, Ernest-Antoine Seillière. Sur l’estrade, dans la lumière et au micro, le frère Samuel Rouvillois. Nousassistons à un forum du Medef sur l’emploi des jeunes. Le grand patron écoute le moine. Frère de saint Jean depuis vingt-cinq ans, Samuel Rouvillois parcourt congrès et séminaires d’entreprise pourtenter d’encourager le dialogue dans le monde du travail. Aujourd’hui, il nous explique ce qu’est le management chrétien.
« Le monde religieux n’est pas étranger au monde de l’entreprise. Le monastère estun lieu de rationalisation, d’organisation et de gestion exemplaire. On le sait, ceux qui ont inventé l’entreprise sont les cisterciens. Pourtant j’ai été frappé de voir mes frères, des prêtres, desévêques, avoir une vision de l’entreprise parfois très caricaturale, bénissant le libéralisme économique comme s’il était évangélique, ou condamnant le libéralisme économique comme s’il étaitdiabolique. C’est pourquoi la question du management chrétien est importante. Je pense qu’il y a certains éléments du management qui peuvent être chrétiens. J’en vois un essentiel, que souligne la doctrine del’Eglise, c’est ce qu’elle appelle « l’option préférentielle pour les pauvres ». La dimension chrétienne du management, c’est prendre le risque de la fragilité des personnes et de la confiance qu’onleur fait. La vie de patron peut paraître contradictoire avec une vie de chrétien. Evidemment, si je dis que le chrétien, il est là, à vivre d’amour, d’eau fraîche, de la parole de Dieu et embrassanttout le monde en disant que Jésus les aime, c’est très gentil ! Mais le chrétien c’est aussi celui qui se bat avec le monde dans lequel on est. La vie fraternelle, c’est comme la vie d’entreprise, c’estla rencontre avec l’autre. C’est être capable de quitter les images toutes faites et les postures d’autorité. Etre capable, même si on respecte un certain ordre, d’avoir une rencontre plus…