Modernisatoin du mythe d’oedipe
3) La tonalité fantastique
Cette sombre tragédie laisse pourtant le spectateur sur une impression d’apaisement
grâce à la poésie du surnaturel propre à Cocteau, malgré les menaces qui continuent àpeser
sur les descendants de Laïos.
L’apparition fantastique de Jocaste morte diffuse une douceur maternelle, consolatrice,
d’une grande beauté. La didascalie, qui signale la présence de « Jocastemorte » n’a pas la
même connotation que le premier acte intitulé « Le fantôme ». De la mort, elle a la blancheur
mais elle ne peut effrayer car elle est « belle ». Plus qu’une morte, avec ses yeuxclos, elle est
un personnage onirique, un rêve qui devient réalité. Son écharpe semble être redevenue un
attribut d’élégance et non plus le signe et l’instrument du destin : « la longue écharpeenroulée
autour du cou », elle s’adresse à OEdipe comme à un petit enfant dans la peine : « Mon enfant,
mon petit enfant » ; « Mon pauvre petit », en mère protectrice — tout le passé d’amante étantanéanti — dont la présence rassurante est indispensable à l’aveugle : « C’est ta mère qui vient
à ton aide. » ; « Je me charge de tout » (expression maternelle du désir d’aller au-devant des
besoins del’enfant). À peine fait-elle une allusion à son suicide et à la mutilation de son fils
sur un ton dédramatisant : « Crois-tu ! Cette méchante écharpe et cette affreuse broche !
L’avais-je assez prédit! », sans ôter leur pouvoir occulte aux objets, jouant sur un double
niveau, celui de la psychologie enfantine et celui d’une croyance magique, mystérieuse des
choses. Elle guide OEdipe, lui signaleles dangers, l’escalier, elle l’aide avec Antigone à
compter les marches, elle le fait patienter en lui promettant de le panser à la fontaine, cette
fameuse fontaine de la place dont ilsentendaient le jet d’eau la nuit de leurs noces (l’eau,
symbole de fécondité mais aussi eau lustrale de purification). C’est elle encore qui convainc
OEdipe d’accepter qu’Antigone le suive dans son exil….