Peut-on perdre sa liberté

PEUT ON PERDRE SA LIBERTE ?

Problématisation :

– Dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen la résistance à l’oppression est présentée non seulement comme un droit mais également comme un devoir : lorsque notre liberté est menacée nous avons le droit et même le devoir de résister. Si donc la liberté apparaît comme un droit pour lequel les hommes sont autorisés à se battre c’estbien qu’elle nous apparaît comme quelque chose qui peut se perdre.

– Que l’homme puisse perdre sa liberté, cela ne fait aucun doute pour la doxa : l’esclave, le prisonnier ou le sujet d’un régime dictatorial n’ont-ils pas perdu leur liberté ? Plus précisément ils ont perdu le POUVOIR D’AGIR COMME ILS LE DESIRENT, ce qu’ils ont perdu c’est leur LIBERTE D’ACTION ;

– Cependant le maître, legeôlier ou le tyran peuvent bien m’enfermer, me torturer, me bâillonner, ils ne peuvent faire que je cesse de les haïr par exemple. ? Ce qui apparaît ici c’est une autre forme de la liberté : non plus la liberté d’action, de mouvement mais une liberté plus fondamentale : LA LIBRE DISPOSITION DE SES PENSEES. C’est ici que le le sujet prend toute son ampleur et que le problème philosophique apparaît: que l’on puisse perdre cette faculté de pensée autonome apparaît nettement plus problématique : mon statut de sujet en dépend. C’est bien cette faculté de se déterminer de façon autonome qui m’institue sujet de moi-même donc personne responsable… Cette « liberté intérieure » est-elle bien une forteresse imprenable ?

– La contrainte n’est pas seulement externe, elle peut être interneégalement. A cet égard les passions ou les mobiles inconscients ne constituent ils pas une menace pour la pensée libre ? Allons plus loin : je pense être libre car j’ai conscience de désirer et d’agir ; mais le plus souvent je suis dans l’inconscience de ce qui me détermine à désirer et à agir comme je le fais. Ma liberté ne pourrait elle pas être une illusion de ma conscience qui découlerait toutnaturellement de l’ignorance dans laquelle elle est des causes véritables qui me déterminent ? Auquel cas peut on encore perdre quelque chose que l’on ne possède pas ?

CCL° : C’est bien le caractère naturel de la liberté que le sujet met en question : si la liberté m’appartient originellement en tant qu’elle est ma nature d’être humain alors la perdre serait rien moins que cesser d’être homme.

?Si la liberté peut se perdre c’est qu’elle n’est pas une donnée intrinsèque à l’humanité. L’homme sera alors libre ou pas selon les situations dans lesquelles il se trouve, sans cesser pour autant d’être homme. On le comprend cette liberté qui est l’objet d’une acquisition ou d’une conquête (car risquer de la perdre c’est la contrepartie de pouvoir la gagner) consiste dans une capacité, un pouvoird’accomplir ou non certaines actions. On conçoit aisément que certains hommes puissent en être privés sans qu’ils cessent pour autant d’être hommes (l’homme handicapé suite à un accident, l’homme emprisonné privé de liberté de mouvement etc). Des contraintes font obstacles à leur liberté d’action ? la liberté est alors définie négativement comme simple absence de contraintes. Mais ainsi définieelle s’applique aussi bien à l’homme qu’aux animaux ou même aux choses : une pierre qui chute sans que son mouvement ne rencontre d’obstacles est dite « en chute libre ». Si être libre c’est ne rencontrer aucun obstacle entravant notre liberté d’action alors nous sommes libres comme l’animal est « libre » de laisser libre cours à ses instincts, ses pulsions lorsque plus aucune chaîne ne le retient.? Pour que la liberté soit inaliénable (? impossibilité de la céder à un tiers, de la détacher de l’individu) il faut donc qu’elle procède de la nature même de l’homme : ce n’est alors plus un pouvoir de faire mais c’est une faculté de se déterminer de façon autonome, faculté dont nous disposons tous du seul fait que nous sommes des hommes c’est-à-dire des êtres doués de pensée. La liberté…