Pléiade
Pléiade est le terme désignant, par référence à la légende des sept filles d’Atlas et de Pléion, transformées en étoiles, d’abord un groupe de sept poètes alexandrins (IIIème s. av. J.-C.), puis, au XIVème siècle, sept poètes et poétesses de Toulouse ; mais cette appellation reste surtout célèbre pour avoir été reprise par Pierre de Ronsard, qui surnomma ainsi sept jeunes poètes réunis autour delui dans le même souci de réformer la langue française et de renouveler l’art poétique.
En 1549, Ronsard applique la dénomination de « Brigade » à ses compagnons du collège de Coqueret (Jean Antoine de Baïf, Joachim du Bellay, Nicolas Denisot, Guy Pacate…), jeunes étudiants que l’enseignement de l’humanisme et poètes Jean Dorat a formés à la traduction et l’explication des lyriques grecset latins, et a éveillés à la vocation poétique. Vers 1553, cette brigade s’élargit pour accueillir les élèves de Marc Antoine Muret et de Georges Buchanan au collège de Boncourt : Etienne Jodelle, Jean Bastier de La Péruse, Rémi Belleau ? De cette fusion naît une brigade préoccupée par un renouveau poétique et dramatique, qui regroupe Ronsard, du Bellay, de Baïf, Pontus de Tyard, Guillaume DesAutels, Jodelle et La Péruse. Cette liste se trouve quelque peu modifiée en 1555, lorsque Jacques Peletier du Mans remplace Guillaume Des Autels, et l’année suivante, lorsque Remi Belleau est introduit dans le groupe. C’est alors seulement que Ronsard l’appelle Pléiade, « parce qu’ils étaient les premiers et plus excellents, par la diligence desquels la poésie française était montée au comble de touthonneur » (Claude Binet, 1586). Peut-être pourrait-on aussi considérer comme proches du groupe des écrivains tels que Guillaume de Salluste, Du Bartas, Amadis Jamyn et Olivier de Magny.
Sans doute la parution, en 1548, de l’Art poétique français de Thomas Sebillet, grand admirateur des marotistes, déclenche-t-elle les hostilités. En 1549 jaillit sous la plume de Joachim du Bellayle manifeste de cette nouvelle « école » : la Défense et Illustration de la langue française ; Ronsard et du Bellay y apporteront par la suite quelques adjonctions qui permettent de mieux préciser l’essentiel de leur théorie littéraire. Fondée sur la « fureur » poétique, don divin que doit soutenir une véritable ascèse morale, le poésie telle que la conçoit la Pléiade trouve sa plus grandeoriginalité dans une alliance mesurée du legs de l’Antiquité (avec lequel le poète doit procéder par innutrition), des influences italiennes de l’époque (Pétrarque, néo-platoniciens de l’école florentine) et de la langue nationale, qui devient le moyen d’expression littéraire par excellence. Ainsi, dès 1545, Jacques Peletier du Mans se fait-il l’ardent apologiste du français, dont l’humanisme avaitparfois usé (Dolet, Rabelais), et que François Ier avait imposé comme langue judiciaire à la place du latin. Mais encore faut-il définir ce que Ronsard et ses amis entendent par langue française. Leur effort pour créer un « style à part » (Ronsard) s’opère dans diverses directions : abandon du langage de cour, large utilisation et rajeunissement des « antiques vocables », archaïsmes et termesdialectaux, que les puristes veulent éliminer au profit de mots imités du latin ou de l’italien. (C’est contre cet élargissement du vocabulaire que s’élèvera, à la fin du siècle, Malherbe en ne considérant comme langue littéraire que le français d’Ile-de-France.) Mais la poésie doit aussi s’efforcer de créer des mots nouveaux, « pourvus qu’ils soient moulés et façonnés sur un patron déjà reçu du peuple »(deuxième préface de La Franciade), ceci en utilisant nombre de mots composés, en créant des adjectifs et des adverbes à partir de verbes, ou des verbes à partir de noms, en multipliant les diminutifs, en faisant appel au grec et au latin pour forger des vocables jusque-là inconnus. Cependant, cet enrichissement de la langue, qui devait être le privilège de la poésie, se double d’une rénovation…