Pourquoi faut-il être raisonnable ?

Pourquoi faudrait-il être raisonnable ?

Le terme « raisonnable » est particulièrement polysémique. Son emploi est largement répandu parfois même à tort. N’a-t-on jamais entendu une mère rouspétant son enfant en lui disant : « Sois plus raisonnable ! » ou encore ventant les mérites de celui-ci en disant « qu’il est raisonnable… ». Derrière ces deux expressions, le mot « raisonnable » faitapparaître une impression normative dans le sens où l’enfant ne se trouve pas en adéquation avec la volonté de sa mère. Dans le deuxième cas, il marque plutôt un compliment, une certaine approbation de la part de la mère. Néanmoins, dans « raisonnable » il y a « raison » et c’est sur ce point que nous tâcherons de nous entretenir. Cependant, je voudrais apporter une note sur ce « raisonnable » qui,dans le sujet, semble plutôt faire appel à une attitude de la personne digne de raison. De ce fait, nous aborderons ce sujet sur un plan beaucoup plus humain.
Pourquoi faudrait-il être raisonnable ? Autrement dit, en quoi la raison m’est-elle favorable ? Quelles sont les finalités d’une attitude de raison. Il faudra alors distinguer le souhait et le choix. Le souhait est dans le rêve, ça nem’appartient pas. Ceci se contredit sur une logique utopiste et une logique réformiste. Le souhait est une anti-chambre au désir. Le choix, c’est le court terme tandis que le long terme, c’est le souhait.
Certes, il est certain que notre réflexion s’inscrit dans une logique et une identité d’individu évoluant dans une société. De ce fait, nous observerons en quoi il y a un couplage entre l’attitude deraison et l’évolution dans une vie en société. Ensuite, nous montrerons en quoi l’Homme réalise sa promotion du genre humain dans la raison. Enfin, nous analyserons la manière avec laquelle l’Homme a su mettre à profit la raison pour se protéger.

Depuis toujours, l’Homme évolue dans le cadre de sociétés politisées. Pour Aristote, l’Homme est un zoon politikon qui ne se réalise que dans lamesure où il s’intègre dans une vie en société. Celle-ci comporte de nombreuses contraintes et exigences afin que la communauté s’établisse sans discorde et la plus pleinement possible.
Aussi, pour répondre à ces exigences de vie communautaire, l’Homme se doit d’adapter une attitude de raison grâce à laquelle une perspective de cohabitation est rendue possible. Cette attitude nous assure unagencement plus ou moins efficace de nos conduites. En effet, la raison est un fabuleux outil de perception et d’analyse d’autrui ; par cela, l’autre devient prévisible du fait qu’il eut replacé dans un certain champ d’action et de possibilité. Ceci met en lumière une des caractéristiques premières de la raison, à savoir qu’elle est calculante. Elle constitue un fabuleux moyen d’appropriation et donc,de compréhension du monde. C’est un fabuleux moyen de mise en perspective.
Or, c’est de ces exigences-là que la vie en société répond. En effet, cohabiter éternellement demande une disposition particulière de l’esprit afin que l’autre devenant prévisible en action ne puisse pas m’entraver à mon tour dans mon action. Ainsi, à la manière d’un rouage impétueux, la société s’agence autour d’unsystème de fonctionnement basé sur la raison. C’est aussi le risque pouvant alors entraîner monotonie, frustrations, conformisme… Aussi, la raison participe-t-elle de l’idée d’une vie en société.
Cependant, la raison est aussi un formidable moyen d’intégration et d’approbation sociale ; dans la mesure où, comme énoncé dans l’introduction, dire qu’une personne est raisonnable, c’est sous-entendre quel’on acquiesce la maxime de son action et la volonté qui l’anime. Lorsque Kant disait « agis de telle sorte que la maxime de ton action soit universalisable », on observe aisément que, à travers cette dimension généralisable, il y a aussi une dimension sociale.
Certes, il est vrai qu’une vie en société ne peut que trop difficilement souffrir de vastes zones de discordances. C’est pourquoi,…