Poust et les noms licence 1 15/20
L1 Lettres modernes 2010-2011
TD Littérature française –
Dissertation appuyée par l’œuvre de Du côté de chez Swann de Proust
Proust dans son œuvre À la recherche du temps perdu composée de 7 tomes publiée entre 1913 et 1927, s’attaque à une question philosophique qui traverse tous les siècles: qu’est-ce que la réalité et comment la représenter. Cette question était déjà présente dans Lecontre Sainte-Beuve publié à titre posthume en 1954. En effet Sainte-Beuve pense que l’œuvre, dans sa poésie et ses qualités personnelles, est le reflet de la vie de son auteur. Proust tente de prouver le contraire avec la rédaction de La Recherche et l’exprime dans Le contre Sainte-Beuve. Il met en exergue que le reflet de l’auteur dans son œuvre n’est qu’une partie de sa personnalité, celle duMoi profond de l’écrivain et non de l’homme vu par ses actes; il y a là, la réalité de l’écrivain dans son œuvre et la réalité de l’homme dans sa vie sociale notamment. Cependant ce n’est qu’après l’échec de Jean-Santeuil – qui d’après lui n’était qu’un reflet peu réaliste de son Moi puisqu’il n’est inspiré que de faits autobiographiques et non de ressentis – qu’il trouve le moyen d’écrire uneœuvre qui relaterait une réalité intemporelle et immatérielle, faite de sensations. Dans son œuvre À la recherche du temps perdu, il utilise le concept de mémoire volontaire et de mémoire involontaire pour expliciter cette distinction qu’il fait entre le réel de l’écrivain et le réel de l’homme social. Pour illustrer la mémoire involontaire il lui était nécessaire de trouver un procédé à la foismatériel et immatériel. Et c’est par le nom propre entre autre que Proust va réussir à représenter une réalité à la fois poétique et intemporelle. D’après Roland Barthes dans « Proust et les Noms » publié dans son œuvre Le degré zéro de l’écriture suivie des Nouveaux essaies critiques en 1953 « l’évènement (poétique) qui a « lancé » À la recherche du temps perdu, c’est la découverte des Noms ». Pour luile nom propre a le pouvoir de provoquer la réminiscence; un souvenir spontané dénué de sensations du présent. Il est la seule unité verbale capable à la fois de désigner plusieurs choses, d’être chargé de sens, contrairement aux noms communs qui doivent être obligatoirement accompagnés d’un contexte, d’une phrase pour évoquer un souvenir emplit de sensations. Peut-que considérer que ladécouverte des Noms a lancé La Recherche ? Il est essentiel de considérer que la découverte des Noms est pour Proust un des tremplins qui lui a permis de rédiger La Recherche. Cependant Proust utilise les Noms pour avant tout illustrer le concept de mémoire volontaire et mémoire involontaire. Ce concept est une des clefs pour se représenter le monde qui est le sien, en tant qu’écrivain, et non comme dansJean Santeuil où le Marcel qui y est représenté est avant tout l’homme social. Proust a donc innové en créant une logique onomastique, il élabore une nouvelle conception de la réalité tel que peut la percevoir l’écrivain mais aussi le lecteur.
Proust se penche sur l’idée d’évoquer un souvenir par un seul et unique mot. Ce mot provoquerait des sensations ressenties dans le passé. Pour Proust cessensations sont pures car non altérées par le présent. Or pour lui et comme l’évoque Roland Barthes le nom propre est la seule forme d’unité verbale qui illustre la réminiscence car il évoque une idée emplie de sens contrairement au nom commun qui se doit d’être entouré d’une phrase. Le Nom est donc évocateur de sensations passées et de sens sans qu’il ait besoin d’une phrase qui le soutienne.Proust dès la rédaction de son premier tome Du côté de chez Swann (1913) met en exergue cet idée, notamment dans le troisième chapitre « Nom de pays : le nom »: «Mais bientôt comme ces phénomènes naturels […] remet en nos mains la possibilité de leur apparition, soustraite à la tutelle et dispensée de l’agrément du hasard, de même la production des rêves d’Atlantique et d’Italie cessa d’être…