Première fable du septième recueil de la fontaine
Nous nous proposons de commenter la première fable du septième recueil de Jean de La Fontaine, poète de l’époque du Grand Dauphin (fils de Louis XIV que La Fontaine éduqua), et maître de la satire de la société. Cette époque est marquée par le luxe de Versailles et par le règne personnel de Louis XIV, créateur d’un nouveau système de cour où le roi maîtrise tout, en particulier les courtisansqu’il tient dans sa main, et que l’on peut associer à Jupiter dans le texte. A cette époque, la cour du roi de France, une des plus grandes d’Europe, est un véritable nid de rumeurs, d’argent et de ridicule, entretenu par la cour que les hommes font aux femmes, en concurrence continuelle. La Fontaine était très doué pour mettre en valeur les vices des courtisans tout en les dissimulant car en allanttrop loin dans ses moqueries, il risquait la censure de son œuvre. C’est dans ces conditions qu’il écrivit le texte que nous proposons aujourd’hui. Dans une première partie, nous développerons que ce texte est plaisant et divertissant car il ressemble à un conte, le but étant de plaire. Puis nous montrerons comment il est aussi une critique sociale.
Avant tout, la fable ressemble surtout à unconte. Premièrement, la mise en scène des animaux permet d’infantiliser l’histoire et de la rendre plus agréable et plus rassurante. On peut trouver des personnifications comme « Dame Baleine » et « Dame fourmis ». En effet, les contes pour enfants personnifient les animaux en leur donnant un caractère particulier de façon à ce que l’on puisse les reconnaître facilement. Il est donc amusant deretrouver certains compagnons d’enfance dans cette fable, comme par exemple « L’éléphant étant écouté, Tout sage qu’il était » qui fait naturellement penser à Babar. Evidement, cette référence est plutôt moderne et ne peut concerner les gens de l’époque de La Fontaine. Mais, même sans référence particulière, quand un animal entre en scène, on pense tout de suite à l’adjectif humain qui lui estgénéralement attribué. Prenons l’exemple du singe : on pense immédiatement à la comparaison « malin comme un singe » à son arrivée dans l’histoire. Ensuite, l’absence quasi totale de cadre spatio-temporel amplifie cette sensation de conte, et en particulier la première phrase (« Jupiter dit un jour »).
De plus le texte fait parti du registre poétique et est écrit en vers rimés, ce qui ajoute au plaisir dulecteur. Cette fable n’est composée que d’octosyllabes et d’alexandrins, vers réputés être les plus beau et les plus équilibrés. N’oublions pas que le but premier de ce texte est de plaire. Nous retrouvons toutes sortes de rimes, les plus répandues étant les rimes croisées. Par exemple, « Il jugea qu’à son appétit Dame Baleine était trop grosse. Dame Fourmi trouva le Ciron trop petit, Se croyant,pour elle, un colosse ».Ces vers montrent deux choses : tout d’abord, si l’on regroupe les rimes, on remarque que « grosse » et « colosse » se complètent. Des rimes « petits » et « appétit », on peut retirer une mise en garde : la taille n’est pas proportionnelle à l’appétit (du pouvoir par exemple). Enfin, la phrase « Se croyant, pour elle, un colosse » prouve que tout est une histoire derelativité.
En outre, le vocabulaire assez simple, et surtout composé d’adjectifs, permet de comprendre l’histoire très facilement.
Le lecteur, à la première lecture, a tendance à trouver Jupiter généreux de proposer aux animaux de rectifier leurs défauts. Et les animaux très respectueux de ne rien demander au souverain. Et plutôt amusant d’entendre les animaux décrire les défauts de leurs compagnonsles uns après les autres. La fable parait donc assez drôle. Cependant, les mots simples et les animaux, l’apparence de conte que prend la fable ne sont que la couverture qui cache le second et vrai sens de la fable, la critique sociale.
En effet, à partir de la ligne 25, la fable a beaucoup moins l’air d’un conte, car la morale apparaît, toujours masquée par les métaphores cependant (« Lynx…