Religion apostolique

L’EGLISE APOSTOLIQUE D’ARMENIE

L’Eglise apostolique Arménienne est dite apostolique parce que née de l’évangélisation des saints apôtres Thaddée et Bartholomé, et Arménienne parce qu’elle est l’Eglise du lieu et des chrétiens qui le peuplent. Cette dénomination, qui n’a jamais varié au cours des siècles, repose sur la tradition héritée des premières communautés chrétiennes, qui prenaient lenom du lieu où elles se constituaient : noms de cités dans l’empire romain, où les villes gouvernaient les provinces (ex : Eglises de Corinthe, d’Ephèse, de Rome…) ; noms de pays hors du limes, où le tissu urbain était moins développé (ex : Eglises d’Irlande, d’Ethiopie, d’Arménie…). La mention apostolique, également héritée de l’ecclésiologie ancienne, rappelle que l’enseignement du Christ futdirectement reçu de ses apôtres. La dénomination de l’Eglise apostolique arménienne est donc lourde de sens, raison pour laquelle nous devons nous efforcer de la respecter.
Malgré cela, l’Eglise apostolique arménienne est régulièrement désignée sous des dénominations impropres qui en déforment la physionomie et dont la principale est celle d’Eglise grégorienne – ou Eglise de l’Illuminateur -par référence à saint Grégoire l’Illuminateur. Les Eglises ne se sont jamais désignées par le nom d’un apôtre ni d’un saint, fut-il à l’origine de l’évangélisation de leur communauté. Il n’est qu’une Eglise du Christ, qui en est l’unique fondateur et la tête. Le concept d' » Eglise grégorienne  » fut approuvé en 1836 par l’empereur de toutes les Russies, Nicolas Ier, afin d’occulter l’évangélisationde l’Arménie par les apôtres, contester son autocéphalie et faciliter ainsi son rattachement à l’Eglise de Russie. Il fut assez largement repris par l’Eglise catholique romaine pour dénier à l’Eglise apostolique arménienne la pérennité de sa succession apostolique et la conférer à l’Eglise catholique arménienne, née en 1742. Dans l’Eglise apostolique arménienne elle-même, certains fidèles, peu aufait des subtilités sémantiques, adoptèrent cette dénomination, qu’ils rendirent en arménien par  » Eglise de l’Illuminateur « . Il serait d’autant plus souhaitable d’en abandonner l’usage que ni l’Eglise russe, ni l’Eglise catholique ne contestent plus l’apostolicité de l’Eglise arménienne.
L’appellation d’Eglise orthodoxe arménienne, moins répandue, n’est pas entièrement satisfaisante, tant auregard de la tradition arménienne que de l’ecclésiologie à laquelle les Eglises de tradition orthodoxe s’efforcent de demeurer fidèles malgré les divisions et la tentation contemporaine du phylétisme. Dans le Symbole de la foi, nous confessons l’Eglise  » une, sainte, catholique et apostolique « , quatre qualités de l’Eglise chrétienne qui, ensemble, expriment la plénitude de son être. Lacatholicité vient du grec katholicos (dont provient le titre de catholicos, titre usuel des patriarches arméniens à partir du XIe siècle), qui signifie  » selon le tout « , au sens de plénitude plutôt que d’universalité. L’ecclésiologie des premiers siècles qualifiait de  » catholique  » l’Eglise toute entière, mais également les Eglises locales, chacune portant toute la plénitude de l’Eglise. De même, en effet,que le Christ tout entier est présent dans le mystère eucharistique, l’Eglise – Corps du Christ – est toute entière présente dans chaque assemblée eucharistique locale. La catholicité exprime ainsi la plénitude de l’Eglise, la profondeur de la vérité qui lui a été révélée et donnée en héritage. L’orthodoxie [gr. orthodoxia ; arm. ouraparoutiun], qui signifie littéralement « glorification droite »,ne figure pas au nombre des qualités de l’Eglise, car elle est indissociable de la catholicité. L’orthodoxie est la glorification parfaite de Dieu réalisée par la déification de notre être tout entier. Elle est l’expression et le témoignage en toutes choses de la plénitude du don de l’Esprit Saint que tout chrétien est appelé à recevoir au sein de l’Eglise. C’est la plénitude de l’Eglise – sa…