Ronsard et la musique

Compte-rendu de l’intervention de Jean Vignes par les L2par CBS, le 12 Janvier 2010 à 11:00 Mercredi 18 Novembre 2009, nous avons reçu à Meaux, une ville importante dans la littérature du XVIème siècle, le professeur Jean Vignes, spécialiste du XVIème siècle, à l’université de Paris VII. Il est venu nous parler de la relation étroite entre la poésie et la musique avec le « premier poète lyriquefrançais » : Pierre de Ronsard.
Jean Vignes nous a tout d’abord rappelé le rôle joué par les évêques de Meaux : Briçonnet, grand ami de Marguerite de Navarre puis Bossuet, dans l’histoire de la littérature et de la diffusion des idées religieuses. Au XVIème siècle Meaux a même été un point de départ du courant évangélique.

Jean Vignes a divisé sa conférence en trois parties, la premièresur l’amour de Ronsard pour la musique, la seconde sur la présence de la musique dans son recueil Les Amours et enfin la dernière sur la mise en musique de ses poèmes.

La relation entre la musique et la poésie existait déjà depuis l’Antiquité, bien avant Ronsard donc, même au Moyen Age avec les troubadours. On dit que Ronsard est un poète « lyrique », c’est à dire qu’il se sert de sa poésiepour exprimer sa sensibilité. Cependant au XVIème le lyrisme a un sens différent, plus proche de son sens premier : accompagné de la lyre, instrument à archet, ancêtre de la viole. Quand Ronsard dit, dans sa préface des Odes « quand tu m’appelleras le premier auteur lyrique français » c’est donc qu’il considère que sa poésie est faite pour être chantée.

L’amour de Ronsard pour la musiqueRonsard publie en 1550 les Odes, sa première œuvre. En grec « ode » signifie le chant. Ronsard veut ainsi faire revenir l’usage de la lyre, qu’il considère comme le seul instrument qui « doit et peut animer les vers, et leur donner le juste poids de leur gravité » (préface des odes). Un peu plus tard l’un de ses amis va publier l’un de ses poèmes des Odes accompagné de partitions. Peu après cettepublication, Ronsard décide de faire paraître un deuxième recueil : Les amours dans lequel il accompagne tous ses poèmes de partitions. Il montre ainsi sa véritable envie de voir ses poèmes chantés. Il écrit d’ailleurs beaucoup de poèmes d’amour sous le titre de « chanson ».
Il devient alors un très grand poète à la cour du roi Henri II, très aimé des courtisans : ses poèmes célèbrent lagrandeur du roi, sont récités à la cour, accompagnés de musiciens. Il n’a néanmoins jamais chanté ni accompagné lui-même ses poèmes, peut-être gêné par sa surdité. Il en a toujours confié le soin à de véritables musiciens ou chanteurs.

Inspiré du mythe d’Orphée, poète mythologique auquel la musique donne des pouvoirs surnaturels, notamment celui d’apaiser les fauves et de réconcilier le prédateuravec la proie (le loup avec l’agneau par exemple), Ronsard va écrire des poèmes à la gloire de la musique : « la musique adoucit les moeurs ». Il en célèbre l’effet enchanteur.

Pour Ronsard la poésie est donc faite pour être mise en musique, chantée a capella ou mieux encore accompagnée, sinon elle ne vaut rien, et cela même si la voix ne produit pas un son d’une incomparable beauté. Cespropos il les tiendra encore 20 ans plus tard avec les Odes saphiques, dans lesquelles la musique devient indissociable de la poésie, tous ses poèmes étant rattachés à une partition.

La place de la musique dans les Amours
Ce recueil, publié en 1552, est constitué de sonnets et de chansons notamment dédiés à Cassandre, dont on ne connaît pas la réelle portée autobiographique. Dans ses poèmesle poète parle de lui-même, amoureux qui s’appelle Ronsard; il se présente d’ailleurs comme un musicien. Il s’invente un personnage :
« Soit que j’écrive, soit que j’entrelace mes vers au luth »
D’ailleurs pour ce recueil Ronsard écrit que la composition musicale a été antérieure à l’écriture de ses vers.

D’après lui la femme transforme un homme en poète. L’amour serait donc la véritable…