Rousseau

1. L’origine des sociétésLe problème consiste à se demander comment les hommes ont pu passer d’un état nul de société à des rapports sociaux organisés et comment ils firent ce pas. La formulation du problème peut paraître étrange : ne doit-on pas dire que l’existence humaine suppose un minimum d’existence sociale ? L’homme n’est-il pas, comme le disait Aristote un animal politique ou n’est-il pasimmédiatement engagé dans des liens sociaux comme l’abeille dans la ruche ? La logique de cette problématique est pourtant profonde, en effet, pour montrer l’origine radicale de la société, il faut prendre les hommes avant la société, à l’état naissant, cet état naissant c’est ce qu’on appelle : l’état de nature.
1.1. Définition : état de nature et contrat socialCe qui est en commun à tous lesthéoricien politiques des XVII et XVIII siècle c’est de poser le même problème : quel est l’origine de la société, et de la résoudre par les mêmes moyens : l’état de nature et le contrat social.
1.1.1. L’état de natureC’est l’état dans lequel trouve les hommes lorsqu’ils ne sont soumis a aucune autorité politique, c’est donc un état pré-social, pré-légal. Dans cet état, les hommes sont pleinementlibres, nul n’est par nature soumis à l’autorité. Les hommes sont égaux et ce principe d’une égalité naturelle des hommes est commun à tous les penseurs de l’école du droit naturel.
1.1.2. Le contrat socialL’hypothèse de l’état de nature est étroitement liée au contrat social, en effet, si nul n’est par nature soumis à l’autorité d’un autre, il est évident que le droit de commander ne peutnaître d’un contrat ou d’une convention par lesquelles les individus se dépouillent en faveur d’un homme ou d’une assemblée du droit naturel qu’ils ont de disposer pleinement de leurs libertés.
1.2. L’Etat de nature selon Rousseau1.2.1. L’idée de natureOn peut dire de Rousseau qu’il est le penseur naturaliste par excellence. En effet, l’idée de nature est au centre même de l’oeuvre de Rousseau. Qu’estce qui est naturel ? En un sens, est naturel tout ce qui est, mais on distingue dans la nature ce qui lui est propre et ce que l’artifice y introduit. Bref, on définira avec Rousseau le naturel par opposition avec l’artificiel. L’homme semble être dans la nature un élément perturbateur. Dans la nature tout est ordre. L’homme connaît le mal, l’artifice, etc… « Tout est bien sortant des main de laNature, tout dégénère dans les mains de l’homme. » « L’état de réflexion est un état contre nature, et l’homme qui médite est un animal dépravé. » (Discours sur l’origine de l’inégalité entre les races de Rousseau : DI) C’est en ce sens qu’on oppose nature et art, nature et histoire. Le mot naturel a chez Rousseau, deux sens :-il désigne ce qui est originel ou primitif à la nature humaine. C’est làsont sens « historique » dans le DI, Rousseau veut remonter à l’homme primitif, naturel, sauvage, l’homme vivant en dehors de toute sociétés et veut expliquer pourquoi et comment il est entré en société.-il désigne d’autre part ce qui est essentiel ou authentique à la nature humaine dans son livre Émile ou de l’éducation, Rousseau découvre la nature dans l’enfant. Chez l’enfant, la nature parleimmédiatement : lorsque nous étions enfant, nous étions naturels, puis l’éducation a déformé nos âmes. Dans ses écrits autobiographiques (les Confessions) le modèle de l’homme est trouvé par Rousseau dans son propre coeur. Rousseau est persuadé que la nature est restée en lui intacte, inaltéré et à cet égard, il ressemble à un exemple privilégié: « Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute lavérité de sa nature et cet homme ce sera moi. » Rousseau a écrit les Confessions pour se montrer en exemple face à une société totalement pervertie. Rousseau voit donc dans la spontanéité et la simplicité de l’homme sauvage ainsi que dans l’authenticité de l’homme naturel vivant en société, la bonté naturelle de l’homme. L’homme naturel, c’est la référence par rapport à laquelle le présent est…