Sarah

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L’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE DES FEMMES

En 2005, trois femmes de 25 à 59 ans sur quatre ont un emploi ou en cherchent un. Ce niveau élevé n’est pas une nouveauté. Il est vrai cependant que l’activité des femmes a pris des formes nouvelles. Les explications de cette croissance de l’activité féminine sont particulières à la fin du XXe siècle.

L’ÉVOLUTION DE L’ACTIVITÉ FÉMININE
Avant larévolution industrielle, les femmes actives étaient essentiellement des agricultrices, conjointes d’agriculteurs participant à la production, ou employées de maison (bonnes), parfois ouvrières agricoles de façon saisonnière. Au cours du XIXe siècle, le développement de l’industrie entraîne une croissance des besoins en main-d’œuvre, notamment non qualifiée, pour travailler dans les manufacturesrécemment apparues. Le patronat emploie très tôt des femmes comme ouvrières, en les payant avec des salaires plus faibles, considérés comme d’appoint, ce qui permet de faire pression à la baisse sur les coûts salariaux masculins (et explique par là même l’origine d’une fréquente tradition machiste et hostile à l’activité féminine dans le monde ouvrier). Ainsi, en 1896, près d’un ouvrier sur trois estune femme. Les femmes sont également présentes dans des métiers socialement étiquetés comme féminins : infirmières (succédant aux religieuses), institutrices (dans les écoles de filles) ou employées de bureau dans les activités de services en expansion, accompagnant le développement de l’industrie. En 1911, près de 47,3 % des femmes de 25 à 54 ans sont actives, soit l’équivalent du taux d’activitéféminin pour cette tranche d’âges dans les années soixantedix! Avec la progression du niveau de vie de la classe ouvrière, l’activité féminine « par nécessité de survie » devient moins fréquente : les ouvriers calquent leur comportement sur celui des petits bourgeois, chez qui l’inactivité féminine est un signe extérieur de richesse.
TAUX D’ACTIVITÉ PAR TRANCHE D’ÂGE DE 1975 À 2005
En % 100 90 8070 60 50 40 30 20 10 0
1975 1977 1979 1981 1983 1985

q L’émergence du salariat féminin au XIXe siècle

Femmes

* * * *
1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005

En % 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
1975 1977 1979 1981 1983 1985

Hommes

* * * *
1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005

15-21 ans

25-49 ans

50 ans et plus

Ensemble

Note : tauxd’activité en mars de chaque année, sauf celles du recensement (janvier en 1990 et 1999), jusqu’en 2001, taux d’activité en moyenne annuelle à partir de 2002 ; le changement de série est signifié par une *. Source : INSEE, enquêtes sur l’emploi.

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q L’explosion de l’activité féminine à partir des années soixante

La forte fécondité du baby-boom explique que, malgré les besoins liés à lareconstruction, les femmes ne soient pas entrées en masse sur le marché du travail dans l’aprèsguerre. Le taux d’activité des femmes ne progresse en effet que légèrement pendant les Trente Glorieuses et il faut attendre le début des années soixante pour qu’il augmente sensiblement. C’est surtout à partir des années soixante-dix que l’activité féminine s’accroît massivement : entre 1962 et 1972, le tauxd’activité des femmes n’augmente que de 1,8 point, alors qu’il progresse de 4,9 entre 1972 et 1982. Par la suite, on remarque une croissance plus rapide du taux d’activité sur les périodes d’expansion économique (fins des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix) et une quasistagnation au début des années quatre-vingt-dix, en période de récession.

LES EXPLICATIONS DE LA CROISSANCE DE L’ACTIVITÉ DESFEMMES
q Une volonté d’émancipation…
La fin du baby-boom (1965 en ce qui concerne la baisse de la fécondité) coïncide avec la reprise de l’activité féminine. On a souvent interprété la première comme la conséquence de la seconde, mais il est aussi possible de faire le lien entre la baisse de la fécondité, qui « libère » du temps d’activité potentielle pour les femmes, et la reprise de…