Signalisaiton de l’hypertrophie musculaire induite par le clenbutérol
Les ?2–agonistes sont des médicaments largement utilisés chez l’homme en tant que broncho-dilatateur pour soigner l’asthme par l’inhibition des contractions des muscles lisses et l’augmentation de la clearance du mucus épithélial (Sovani et al., 2004 ; Larj et Bleecker, 2002). Chez l’animal, les ?2–agonistes étaient au départ destinés à traiter les broncho-pneumopathies chroniques obstructives(BPCO) chez les chevaux (Torneke et al., 1998) et à contrôler la parturition du bétail (Jonker et al., 1991). Le clenbuterol est le seul ?2–agoniste qui est autorisé pour un usage thérapeutique chez les espèces destinées à l’alimentation. Dans cette perspective, la prise de clenbuterol est recommandée à des doses d’environ 0.8µg/kg de poids de corps pendant 10 à 14 jours (Prezelj et al., 2003).Par ailleurs, il a été montré chez plusieurs espèces que la prise chronique de clenbuterol à des doses supérieures aux doses thérapeutiques augmentait, directement au niveau du muscle, la synthèse protéique et ainsi la masse musculaire, ce associé à une action lipolytique (Lafontan et al., 1988 ; Williams et al., 1987 ; Emery et al., 1984). Le clenbuterol est alors devenu un agent utilisé dansl’industrie alimentaire, notamment ovine et bovine, destiné à augmenter la proportion de masse maigre par rapport à la masse grasse, donc dans une perspective de rendement maximal (Prezelj et al., 2003).
Contrairement aux 4 autres ?2–agonistes autorisés par l’Agence Mondiale Antidopage (salbutamol, terbutaline, formotérol et salmétérol) sous garantie d’une nécessité thérapeutique et uniquement parinhalation, l’usage du clenbuterol est interdit pour les sportifs. Cette substance est d’ailleurs inscrite dans la liste des substances interdites dans la classe des agents anabolisants (Liste des interdictions 2005, standard international, www.wada-ama.org). Le clenbuterol est pourtant fréquemment utilisé à des doses dopantes par les athlètes pour ces propriétés anabolisantes et lipolytiques (Kearnset al., 2001). Il permet ainsi d’augmenter la masse musculaire avec peu de variation du poids du corps. Il serait particulièrement employé chez les athlètes femmes parce qu’il n’est pas associé à des effets secondaires androgéniques comme le sont les stéroïdes (Prather et al., 1995). Dernièrement aux Jeux Olympiques d’Athènes, plusieurs participants ont été contrôlés positifs au clenbuterol.Néanmoins, malgré cette popularité du clenbuterol, aucune étude n’a, à ce jour, été réalisée sur l’homme.
En ce qui concerne les mécanismes de l’hypertrophie induite par le clenbuterol sur les muscles squelettiques, de même que ceux de l’hypertrophie en général, ceux-ci ne sont pas entièrement connus. Néanmoins, deux grandes voies de signalisation de l’hypertrophie sont décrites dans la littérature: celle de l’Insuline-like Growth Factor 1 (IGF-1) et celle de la calcineurine.
L’IGF-1 est une hormone trophique stimulée par l’hormone de croissance (Growth Hormone), elle-même sécrétée par l’ante-hypophyse. L’IGF-1 se retrouve ainsi au niveau systémique, produit par le foie, mais aussi au niveau musculaire. Cette production locale advient principalement en réponse à une augmentation de lacharge de travail musculaire et apparaît comme la seule intervenant dans l’hypertrophie musculaire squelettique, par une action autocrine et paracrine sur les cellules musculaires (Adams et Haddad, 1996). Cette boucle rétroactive locale stimulerait en effet la prolifération des cellules satellites et leur fusion avec des fibres préexistantes (Jacquemin et al., 2004) pour maintenir un ratio constantentre la taille de la fibre musculaire et le nombre de noyaux (Mc Call et al., 1998). Les cellules satellites sont des cellules passives mononucléées, non innervées et localisées entre la lamme basale et le sarcolemme de la fibre musculaire. Dans le muscle squelettique adulte, elles sont mitogéniquement quiescentes mais sont activées en réponse à un stress (Seale et Rudnicki, 2000) tel que la…