Spécificité du projet éducatif de montaigne par rapport à celui d’erasme.
Bien qu’elles s’accordent sur des principes fondamentaux comme l’idéal du précepteur noble et vertueux, «habile et savant», insensible à l’appât du gain qui s’adapte à l’enfant tout en luitransmettant son amour des belles lettres par le jeu, l’éducation libérale d’Erasme diffère de celle de Montaigne sous différents aspects.
En premier lieu, Erasme fonde son éducation sur les livres qui sontpour lui la source de savoir par excellence. En effet il soutient que de grands préceptes de philosophie peuvent-être aisément compris par l’enfant à travers des «fables amusantes» comme le récitd’Ulysse. Montaigne, sans bien sûr rejeter les livres hors de son projet, critique ce «savoir livresque», il le qualifie d’artificiel, ce n’est pour lui qu’un ornement. Son éducation nouvelle se base surl’esprit critique que l’élève acquiert en fréquentant la société et en visitant les pays étrangers. Il y a chez Montaigne une volonté de sculpter son jugement et son savoir en le confrontant àl’altérité, au «livre du monde». De cette première distinction entre les deux programmes pédagogiques découle l’opposition entre la mémoire chez Erasme qui mise sur le caractère tendre et malléable del’enfance et sa formidable capacité d’apprentissage et l’expérience du coté de Montaigne, lequel est persuadé que dés lors que le jugement est bien formé, il peut venir à bout de n’importe quelle science.S’ensuit la position catégorique de ce dernier sur l’idée que la nature de l’élève prime sur l’éducation; ainsi en se basant sur sa propre éducation qui, malgré la préoccupation de son père à suivre lespréceptes du «prince des humanistes» sensés former l’enfant aux «capacités propres à l’homme», n’a pas véritablement atteint son but, à savoir corriger sa personnalité oisive, endormie et sansmémoire.
Une autre séparation se forme entre les deux «écoles» : il s’agit de l’aspect important du corps chez Montaigne qui est complètement dénigré chez son prédécesseur. En effet, du fait de sa…