Sport

ur un autre courant de pensée, le sport est un phénomène apparu à un moment précis de l’histoire et dans un contexte particulier : au sein de l’élite sociale de l’Angleterre industrielle du XIXe siècle. Cette thèse est notamment développée en 1921 par l’écrivain allemand Heinz Risse (Soziologie des Sports, Berlin, 1921 et Sociologie du sport, Presses universitaires de Rennes, 1991) qui estimequ’« il est erroné de regarder le passé avec nos modes de pensée actuels et d’imaginer que les pratiques qui ressemblent à celles que nous connaissons peuvent se rapporter à cette appellation « sport » »[8].
Cette thèse est notamment soutenue par l’historien français Roger Chartier et par les sociologues Norbert Elias[9],[10] et Pierre Bourdieu[11]. En 2000, l’historien du sport Philippe Lyotard(université de Montpellier) juge qu’« il y a une coupure très nette entre le sport moderne et le sport antique : c’est la notion de record (et donc de performance). Le record et la performance expriment une vision du monde qui est profondément différente entre les Grecs et les modernes. La culture du corps est différente. Pour les Grecs, cette culture est rituelle, culturelle, d’inspiration religieuse,pour les modernes, le corps est une machine de rendement[12]. »
Une façon de résoudre la question est de forger la notion de « sport moderne » pour distinguer ce phénomène d’autres pratiques historiquement attestées. Dans une étude, une équipe de l’UFR-Stap de l’université de Bourgogne estime ainsi en 2004 que « Le sport moderne, (..) renvoie à l’idéologie de Coubertin, caractérisée par lacompétition, la performance, l’entraînement dans des structures institutionnelles (fédérales et scolaires) afin de lutter contre l’oisiveté et les risques de dégénérescence psychologique et physiologique de l’homme »[13]. Cette notion de « sport moderne » est exposée par l’historien américain Allen Guttmann dans From Ritual To Record, The Nature of Modern Sports (1978). Auteur notamment de Sports: TheFirst Five Millennia, Guttmann ne renonce pas à l’emploi du mot « sport » de l’Antiquité à nos jours.
Histoire [modifier]
Selon l’interprétation large de la notion, le sport est un phénomène universel dans le temps et dans l’espace humain, et, pour reprendre une maxime byzantine, « les peuples sans sport sont des peuples tristes »ééé[réf. nécessaire]. Nombre de phénomènes qui paraissent récents,accompagnent en fait l’histoire du sport depuis l’origine : du professionnalisme au dopage, des supporters aux problèmes d’arbitrage.
La Grèce, Rome, Byzance, l’Occident médiéval puis moderne, mais aussi l’Amérique précolombienne ou l’Asie, sont tous marqués par l’importance du sport. Certaines périodes sont surtout marquées par des interdits concernant le sport, comme c’est le cas enGrande-Bretagne du Moyen Âge à l’époque Moderne. Le besoin de rappeler cet interdit semble indiquer que l’idée ou la pratique sportive perdurait.
Le sport est l’une des pierres d’angle de l’éducation humaniste du XVIE siècle. Les Anciens mettaient déjà sur le même plan éducation physique et intellectuelle. Pythagore était un brillant philosophe qui fut également champion de lutte puis entraîneur du grandchampion Milon de Crotone. La Renaissance redécouvre les vertus éducatives du sport et, de Montaigne à Rabelais en passant par Mercurialis, tous les auteurs à la base du mouvement humaniste intègrent le sport dans l’éducation (relire par exemple Gargantua).
Chaque époque a eu son « sport-roi ». L’Antiquité fut ainsi l’âge d’or de la course de chars. Pendant plus d’un millénaire, les auriges, cochersdes chars de course, étaient des « stars » adulées par les foules dans tout l’Empire romain. Le tournoi, qui consiste à livrer une véritable bataille de chevaliers, mais « sans haine », fut l’activité à la mode en Occident entre le XIe et le XIIIe siècle. Attention à ne pas confondre le Tournoi et la joute équestre, version très allégée du tournoi. La violence de Tournoi cause sa perte, d’autant…